Plus léger que l'air - le vol de la libellule
Il y a 100 ans, en avril 1924, lors de son voyage au pays du Soleil Levant, Alfred Baur, chef d’entreprise hors norme et fondateur du musée des arts d’Extrême-Orient, découvrait à la saison des cerisiers en fleur, la poésie empreinte de légèreté des « images du monde flottant » (ukiyo-e) associée aux paysages des maîtres de l’estampe et aux délicats motifs parsemant les objets de sa collection.
En écho à son goût et son esprit pionnier, et dans le cadre du 160e anniversaire des relations diplomatiques entre la Suisse et le Japon, cette exposition évoque les aspirations à la légèreté qui traversent la culture japonaise et que nous retrouvons chez Uehara Michiko, représentante majeure des arts textiles. Dans la lumière subtropicale de sa région natale, à Okinawa, archipel de l’extrême sud du Japon, cette virtuose du tissage et de la teinture, crée de sublimes étoffes aussi fines que « l’aile de la libellule ». Du rapport symbiotique qui la lie aux fibres naturelles naît, selon ses mots, « l’air tissé », un voyage sans frontière, à l’écoute du vivant. Une quête et un défi qui ne sont pas sans rappeler ceux de l’explorateur Bertrand Piccard dont l’avion solaire, libellule géante, alliant par sa structure en fibres de carbone, résistance et légèreté extrêmes, tisse une trajectoire harmonieuse entre humanité, terre et ciel…
A travers « l’air tissé » du Pacifique et dans un monde violenté par les guerres, gageons qu’Alfred Baur aurait célébré, tout comme nous, la virtuosité de la main, la floraison des cerisiers, le vol libre et agile des libellules…