NY Syndrome

Exposition de Clément Hébert du 18 novembre au 8 décembre 2021, vernissage le 18 novembre à 18h.

Exposition de Clément Hébert du 18 novembre au 8 décembre 2021, vernissage le 18 novembre à 18h. Co-production Manoeuvre.
Grande galerie de l'ésam, site de Caen.
Entrée gratuite avec passe sanitaire obligatoire.

Le point de départ de cette exposition de Clément Hébert est Carousel of Progress, une attraction conçue par Walt Disney pour la Foire Internationale de New York en 1964 et formant l’élément phare du pavillon de General Electric. Walt Disney donne alors à voir une succession de familles ordinaires américaines dans leurs intérieurs à travers le XXe siècle. L’espace domestique devient le miroir du bon fonctionnement de la société capitaliste.

C’est le «New York Syndrome», selon l’expression proposée par Clément Hébert : le syndrome comme un ensemble de signes, de comportements révélateurs d’une situation problématique et contestable. L’exposition entend montrer que les violences de classes, la violence économique, les dysfonctionnements familiaux et environnementaux, l’essence mortifère d’une société du progrès capitaliste sont aussi contenus dans ces intérieurs. À partir des restes de certains d’entre eux, l’artiste cherche ainsi à recréer des mondes, ré-enchanter ces lieux. Les donner à voir dans toute leur étrangeté, dans tous les problèmes sociaux qu’ils charrient, mais
aussi dans leur beauté, comme s’il était possible de les subvertir.

NY Syndrome s’appuie en particulier sur le modèle de maison UK-100, sur laquelle porte le doctorat de recherche et création artistiques réalisé par Clément Hébert. Ce modèle lui permet d’écrire une histoire par l’objet, en l’occurrence un objet mineur : cette maison en kit, qui véhiculait les standards américains, a relogé après la Seconde guerre mondiale les civils des villes bombardées, notamment à Caen et en Normandie. Cette architecture a vu le jour dans le cadre du projet Manhattan, un projet orchestré depuis les bureaux d’une tour de verre à New York, un projet secret au budget annuel trois fois plus important que les dix-sept missions
Apollo réunies : dans des suburbs idylliques à la charge funeste, au
cœur de ces secrets cities, des ingénieurs logés dans des maisons
identiques aux UK-100 ont mis au point la bombe atomique.
Dans le cadre des recherches de Clément Hébert, la galerie d’exposition
de l’ésam Caen /Cherbourg héberge une reconstitution d’UK-100 et devient le plateau de tournage d’un film qui revient sur la journée précédant la démolition d’une de ces maisons avant de remonter à ses origines dans le Tennessee.

NY Syndrome évoque enfin les Levittowns, ces étendues pavillonnaires interminables qui ont vu le jour à Long Island dans l’aprèsguerre et qui allaient devenir un standard du paysage du contour des villes françaises. NY Syndrome, c’est aussi le divertissement de masse, qui allait bombarder d’injonctions la nouvelle classe de consommateurs. Notre Amérique? Un tableau peint par quelqu’un qui n’y a jamais mis les pieds. Des rêves standardisés qui se construisent toujours en miroir de New York. New York, big city of dreams.
La vidéo Les Radins (2021) de Pauline Ghersi est présentée dans
l’exposition :
"Brice, Jules et Celio sont trois colocataires radins. Brice est maladivement avare et ne supporte pas l’idée de dépenser un centime. Jules masque son côté économe sous le label éco-responsable, tandis que Celio est toujours à l’affût d’un bon plan. Le film met en avant les rapports conflictuels engendrés par la colocation et s’articule autour d’un système de dette. Tout commence le jour où Celio, pensant faire une affaire, s’aperçoit qu’il a perdu deux euros. Fou de rage, il demande à Jules de lui dépanner cette somme. Agacé par la perte de cet argent, Jules, vole deux euros à Brice. Ce dernier s’en aperçoit mais n’ose pas demander à Jules de le rembourser et se laisse doucement ronger par le manque et l’obsession."
(Chef op image : Jean Doroszczuk ; Cheffe op son : Lou Jullien ; Montage : Pauline Ghersi ; Montage son et Mixage : Modan Tailleur ; Actrices, acteurs : Jonathan Goundoul, Pauline Guintrand, Mickaël Kalkoff, Guilhem Monceaux, Adèle Montilia)
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Clément Hébert vit et travaille à Bruxelles. Il est originaire de Caen et le débarquement allié sur les côtes normandes en 1944 marque le point de départ de son spectre de recherches sur le folklore, la transformation du paysage et des modes de vie. Son travail se noue depuis plusieurs années autour du modèle de maison préfabriquée américaine « UK-100 » qui fut installé dans le nordouest de la France dans l’après Seconde guerre mondiale. Ces architectures modestes sont l’occasion pour lui de questionner l’habitat individuel, les utopies modernistes, notre rapport à l’archive ainsi que les liens formels, sensibles, culturels entre la culture états-unienne et ouest-européenne, et les rapports de force que ces liens sous-tendent. Par la pratique de la sculpture, de la performance, de l’installation ou du film, Clément Hébert tente de dessiner un grand portrait de notre temps en réhabilitant des histoires mineures tout en étant attentif à ce que la « grande » histoire peut nourrir comme intrigues.
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Avec l’exposition New York Syndrome de Clément Hébert, l’ésam Caen/Cherbourg inaugure un cycle présentant les recherches artistiques menées dans le cadre du doctorat Radian, doctorat initié avec l’École Supérieure d’Art et Design Le Havre-Rouen, l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie et l’école doctorale 558 HMPL de Normandie Université, et soutenu par la Région Normandie et le Ministère de la culture. Destiné à des artistes, auteurs, designers et architectes, le doctorat Radian
propose de déployer des recherches à l’intérieur d’un travail de création artistique, à travers les processus, les langages et les méthodes des pratiques plastiques, dans un dialogue entre théorie et pratique. Le programme d’expositions entend donner à voir les formes artistiques issues de ces recherches, en même temps qu’il constitue une étape du processus de recherche, permettant de mener des expérimentations formelles.
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Manœuvre est un collectif d’artistes issu.e.s de l’ésam Caen/Cherbourg, autogéré depuis sa création en 2016. Véritable levier à la création pour ses membres, c’est aussi un organe de production orienté vers les autres. Dans la continuité de son projet artistique et de diffusion, Manœuvre met en place un cycle de résidences de création dans ses locaux. L’objectif est d’offrir durablement la résidence de création que ses membres aimeraient se voir proposer. Favorisant ainsi la rencontre et la découverte d’artistes d’horizons divers, à travers leurs propositions. Clément Hébert est le premier de ces artistes. NY Syndrome la première de ces expositions.