La femme à qui rien n'arrive

« C’est en imaginant que rien (ou plus rien) ne peut nous arriver, que tout peut nous tomber dessus. » Loi de Murphy, dite « loi de l’emmerdement maximum »

©Federica Raverta

Elle n’a qu’un objectif : finir d’accomplir la liste de ses tâches quotidiennes incompressibles au rythme robotique dicté par la « Machine ». Prise au piège d’une publicité virtuelle, Elle est amenée à signer un contrat avec un commercial spécialisé en « production de choses qui arrivent ». Voilà cette Femme à qui rien n’arrive confrontée à ce qu’elle redoute le plus : qu’une chose lui arrive. Elle va basculer dans un monde de plus en plus délirant.

Narré à la 3ème personne, La Femme à qui rien n’arrive est un conte moderne à l’humour grinçant, destiné à nous faire dresser les cheveux sur la tête. Cette comédie de l’absurde fait écho à notre immobilisme et à notre solitude, amplifiés par notre dépendance aux machines connectées et à leurs injonctions.

« ELLE », UNE ANTI-HÉROÏNE ?

Nous sommes au temps des héroïnes de séries à qui TOUT arrive. Pour cette femme à qui RIEN n’arrive, c’est bien différent ! Cousine lointaine d’Oblomov, ou d’Un Homme qui dort, Elle est, au début du récit, envahie par la torpeur.

Le pari est d’atteindre son accomplissement en l’animant de l’intérieur, par le verbe et le langage. Pour traduire les errances psychologiques de Elle, Léonore Chaix utilise, détourne et épuise le champ lexical virtuel et technologique. Bugs, historique, mises à jour, données personnelles… constituent le clavier de la grammaire intime de son personnage, et créent un tricotage serré entre comique et poésie.

Le temps du spectacle, Elle va traverser toutes les nuances de l’attente et finira par ne plus résister à sa métamorphose.