Phèdre
J’ai dit ce que jamais on ne devait entendre
Après une exceptionnelle traversée du théâtre de Corneille, Brigitte Jaques-Wajeman met en scène Phèdre, la plus célèbre, la plus mystérieuse tragédie de Racine.
Dans Phèdre, Racine explore l’événement absolu qu’est le surgissement de l’amour. L’amour, monstre naissant, monstre dévorateur ! L’exploration des fantasmes, où l’amour, la haine, la mort ont le même visage, est ici poussée jusqu’aux limites de l’innommable. Le désir est perçu, par ceux qui l’éprouvent, comme une force étrangère qui subvertit les sujets, les rend méconnaissables à eux-mêmes. Un premier, un unique regard, et, tel un alien, il s’introduit dans les corps, s’en empare et les déchire, comme le monstre qui tuera Hippolyte. Racine ose montrer la jouissance dans laquelle les corps sont emportés, et qui bouleverse les protagonistes, parce qu’elle est interdite. Un combat inexorable se joue au cœur de la tragédie, entre l’ombre et la lumière. Dans ce monde où l’expression des passions est à la fois empêchée et exaltée, l’aveu est d’autant plus terrible à dire. C’est dans une langue renversante de beauté, que Racine écrit cette sublime tragédie du désir.