FAIM DE LOUP

Conte cruel, conte naïf, conte de sagesse, d’initiation, de transformation, rêve, cauchemar ?

Le Chaperon rouge ? Tout le monde connaît ! Ou plutôt tout le monde croit connaître. Plus que les versions de Perrault ou de Grimm, c’est leurs
ersatzs illustrés qui viennent à l’esprit. Qui se souvient pourtant des versions orales, de ces récits millénaires et internationaux qui renferment de véritables trésors initiatiques ?

Si les frères Grimm nous ont montré la voie en révélant du conte toute la puissance poétique, retenons de Perrault la hardiesse, et des versions
orales, le mordant. Le spectacle s’inspire de ces chaperons-là, qui nous parlent depuis toujours de la nécessaire prise de risque de l’enfant hors du
giron maternel, de transgression, de rives dangereuses où la candeur peut s’abîmer, de transmission intergénérationnelle...
C’est donc un conte de la transformation, celle de l’enfant en adulte, celle de l’être en devenir, celle de tous ceux qui questionnent leur vie. Ainsi aux
interrogations posées par le conte « Où vas-tu ? », « Quel chemin prends-tu ? », « Qui est là ? » résonnent d’autres échos.
Notre chaperon à nous est tout blanc. C’est une petite fille moderne, clown naïf, qui, pour échapper au carcan de superficialité dans lequel elle évolue, plonge avide- ment dans l’histoire du chaperon rouge. Ce n’est qu’en s’écartant du chemin tout tracé, celui d’un confortable et étouffant le conformisme, que s’ouvriront alors d’autres couleurs : rouge comme le danger, rouge comme la révolte, noir comme le désespoir et la mort, rouge comme l’amour... Comme une palette pour tracer son propre destin.
En pénétrant ce monde merveilleux et terrifiant, la petite fille se fond dans le conte et le conte se fond en elle, dans un corps à corps avec les marionnettes. Tous les personnages relèvent alors les forces contradictoires qui s’affrontent à l’aube de l’adolescence.

marionnette, theatre, conte