Conférence par  Daniel Renard, membre titulaire

Mardi 11 Décembre 2018 à 14 heures 30

Le REX CENTRE CULTUREL - 21, place Clemenceau à Abbeville

Les pictogrammes se veulent une écriture universellement intelligible censée assurer, dans des circonstances relativement sommaires, une intercompréhension efficace entre des locuteurs de langues diverses et peut-être même entre des groupes humains et des extraterrestres. Les pictogrammes les plus sommaires sont spontanément intelligibles et leur sens est transparent aussi pour des analphabètes. Certains autres pictogrammes, ceux dont l’élaboration a requis davantage de temps et de cogitation, ne sont pas du tout spontanément intelligibles et ne se comprennent, eux, qu’au terme d’un apprentissage.

Tous les pictogrammes, qu’ils soient sommaires ou élaborés, transmettent du sens, ils le transmettent directement, sans passer par l’intermédiaire phonique d’une langue individuelle. Puisque les pictogrammes organisent de la matière sémantique dans le but de la communiquer, ils sont bel et bien des signes linguistiques, mais les catégories qu’ils véhiculent ne sont pas les catégories d’une langue spécifique, elles sont, plus antérieurement, les catégories de notre faculté langagière. Les pictogrammes sont une écriture conceptuelle.

Il existe des pictogrammes sommaires, il en est d’autres, déjà plus élaborés. Est-il sérieusement envisageable de systématiser l’usage de ces pictogrammes et d’en affiner le graphisme pour les ajuster au plus près et de façon pertinente et univoque aux subtilités les plus ténues du langage et de la pensée ? C’est précisément ce qu’entreprend, héroïquement, la pasigraphie. La pasigraphie entend concrétiser le rêve d’une écriture conceptuelle universelle dans laquelle il suffirait de transcrire la Bible et les ouvrages de Kant pour les rendre accessibles d’un seul coup à l’humanité entière sans avoir besoin de les traduire dans toutes les langues du monde. (DR)