Bicentenaire du Tour du monde du Bordelais (1816-1819)
Exposition consacrée au bicentenaire du tour du monde effectué par le navire le Bordelais, armé par Jean Etienne Balguerie et commandé par le capitaine de Roquefeuil.
Comment est née l’idée de l’exposition :
C’est en 2015, après la parution d’un second roman inspiré par
le voyage du Bordelais, que l’auteur Serge Legrand-Vall a l’idée
d’une exposition qui ferait découvrir au public ce tour du
monde tout à fait méconnu.
Sa rencontre avec le collectionneur Olivier Nonès en 2017 renforce ce projet.
Le duo décide alors de proposer cette idée au Collectif
Bordeaux-Marinopole, dont le Musée de l’Histoire Maritime de
Bordeaux vient juste d’ouvrir ses portes.
Stéphane Binaud et Philippe Doutreloux, Président et Vice-
président du Collectif, qui présentaient en bonne place de
l’exposition permanente cette première circumnavigation
effectuée depuis Bordeaux, accueillent avec beaucoup
d’enthousiasme l’idée de célébrer le bicentenaire du retour au
port du Bordelais.
L’équipe est dès lors constituée, qui va mener à bien ce projet
en trois ans, le même temps qui a été nécessaire au capitaine
Camille de Roquefeuil pour boucler son tour du monde.
La Mairie de Bordeaux, partenaire de cet événement, a mis à
disposition la salle capitulaire Mably, du 18 Février au 5 Mars
2020.
L'histoire
Le Bordelais est le seul navire à voiles à avoir fait le
tour du monde en partant de Bordeaux et en y revenant,
de 1816 à 1819.
Son capitaine Camille de Roquefeuil est le troisième navigateur français à avoir réalisé cet exploit, après Louis-Antoine de Bougainville (1766-1769)
et Étienne Marchand (1790-1792).
À une époque catastrophique pour le commerce, où la France était
ruinée par les guerres napoléoniennes, l’armateur
bordelais Jean-Étienne Balguerie avait imaginé d’ouvrir
une nouvelle route commerciale entre la France,
l’Alaska et la Chine sur une base de troc de
marchandises.
Le projet sur le papier était simple et ingénieux :
Échanger des armes et des étoffes contre des fourrures
de loutres de mer en Alaska, puis contre du bois de
santal à Hawaï. Vendre ensuite ce fret recherché dans le port
chinois de Canton et y acheter, avec l’argent obtenu, thé et
produits chinois
La réalité a été tout autre et le capitaine a dû faire face
à de nombreuses difficultés.
Retardé par la révolution au Chili, des lenteurs administratives au
Pérou, les nécessités de ravitaillement à San Francisco, Le
Bordelais arrive en septembre 1817 sur les côtes du Nord-Ouest
américain, trop tard.
Les fourrures chassées par les Amérindiens ont déjà été achetées par les navires russes, états-uniens et anglais, présents en nombre. Le Bordelais part alors hiverner aux îles Marquises où il obtient, contre une cinquantaine de fusils, plus de vingt tonnes de bois de santal.
De retour en Alaska, nouveau coup du sort : l’expédition de
chasse à la loutre de mer, organisée avec l’appui des autorités
russes, est attaquée par des Amérindiens hostiles.
Pire, l’équipage se rebelle et refuse de reprendre cette activité
dangereuse. La cargaison se trouve en outre inadaptée au troc,
les tribus locales étant déjà largement armées.
C’est avec un maigre fret que le Bordelais arrive à Canton au
printemps 1819, devancé par ses concurrents étrangers, dans un
marché saturé. La vente est décevante et les denrées acquises -
Thé, sucre, cannelle et vermillon - ne suffiront pas à rembourser
les frais de cette circumnavigation de trois ans. Le Bordelais, parti
de très loin et disposant de trop peu d’informations, n’a pu que
profiter a minima de la fin d’une période de surexploitation des ressources naturelles du Pacifique. Les loutres de mer ont
échappé de peu à l’extinction et les arbres à santal à la
disparition.
Si le tour du monde du Bordelais n’a pas été une bonne
affaire pour son armateur, il reste néanmoins un tour
de force de navigation – 37 mois de voyage dont 22
sous voile – et une exceptionnelle aventure humaine.
Dans la lignée des découvreurs humanistes du XVIIIe siècle,
Camille de Roquefeuil et son officier de santé René Vimont ont
rapporté en France une riche moisson de relevés et
d’observations géopolitiques, géographiques, naturalistes et
ethnographiques.
Petit navire au grand destin, Le Bordelais a été le témoin
privilégié de la construction des nouvelles nations du continent
américain.
Il a ouvert la voie de l’Extrême-Orient aux négociants
bordelais et celle du Pacifique à la présence française.
Aujourd’hui un “Détroit du Bordelais” entre deux îles des
Marquises, le Cap Balguerie et une “Baie de Roquefeuil” en
Colombie Britannique témoignent de cette aventure hors du
commun.
LE VOYAGE :
11 octobre 1816 - 21 novembre 1819
Bordeaux - cap Horn – Valparaiso, Chili - Callao, port de Lima au
Pérou - San Francisco, mission espagnole sur un territoire
amérindien – Nootka, sur l’île Vancouver dans l’actuelle Colombie
Britannique – Nuku Hiva et Hiva Oa aux îles Marquises - Sitka et
Kodiak en Alaska russe - Honolulu aux îles Sandwich (Hawaï) -
Canton en Chine - détroit de Malacca en Indonésie – îles de
France et Bourbon (Maurice et La Réunion) - cap de Bonne
Espérance - Bordeaux.