Patrimoine et artisanat à la ferme du pavillon
Patrimoine et artisanat à La ferme–manoir du Pavillon à RYES
Programmation :
- porte ouverte du patrimoine architectural de la ferme manoir du Pavillon :
= les jardins, la grande salle du logis, le pressoir, la grange
- exposition d'artisans locaux : 10 à 20 artisans d'art locaux exposeront leur savoir faire dans la grange et/ou dans la cours de la ferme.
La ferme du pavillon : histoire et description architecturale
La ferme-manoir du Pavillon est l’une des plus anciennes et des plus emblématiques de ces propriétés agricoles typiques du Bessin. Elle existe probablement depuis le XIII e siècle et est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1927. Son triple portail monumental figure sur de nombreuses illustrations.
Elle a été libérée par les Anglais dès le 6 juin 1944 et la grange a servi de cinéma aux armées.
Contexte historique
Le terme de manoir désigne non seulement un logis mais aussi l’ensemble des bâtiments d’exploitation rurale qui l’accompagnent ainsi que les parcelles de terre attenantes. C’est le siège d’un domaine agricole d’essence seigneuriale.
Le manoir du Pavillon regroupe ainsi trois espaces distincts : une cour fermée par un triple portail monumental avec un logis et différents bâtiments d’exploitation ; un jardin clos de murs s’étend au sud du logis ; à l’ouest un verger est bordé par la Gronde.
Outre les terres immédiatement attenantes et notamment celles qui s’étendent entre l’église et le Pavillon, le manoir est au centre d’un espace rural d’une certaine superficie qui dépend du même propriétaire, de l’ordre de 45 ha.
Au XVIIe siècle et antérieurement, l’essentiel des terres est cultivé en céréales, mais on élève aussi toutes sortes d’animaux. Le bâtiment d’exploitation le plus important est la grange dont le volume intérieur est directement lié à l’importance des récoltes. Le même bâtiment abrite aussi une écurie d’une quinzaine de chevaux.
Avec l’augmentation régulière et significative des rendements agricoles au cours des siècles, il a fallu plusieurs fois agrandir la grange initiale, jusqu’à celle que nous connaissons aujourd’hui, dont les dimensions datent du début du XXe siècle et qui comprend trois niveaux de stockage.
Cependant, dès le XVIIe siècle l’élevage a commencé à prendre un nouvel essor dans la région, poussé par le succès grandissant des produits laitiers auprès des populations des grandes villes et notamment à Paris. L’arrivée du chemin de fer jusqu’à Ryes a dynamisé cette évolution. On a donc partiellement reconverti les cultures de céréales en pâtures et construit ou aménagé de nouveaux bâtiments pour les vaches et la transformation du lait.
Outre ces activités agricoles principales, il faut mentionner la production de cidre. Les pommes récoltées dans le verger attenant étaient tout d’abord broyées dans le tour à pommes par le concours de deux grosses roues en bois mues par un âne. On utilisait ensuite le pressoir à longue étreinte disposé à côté du tour dans une excroissance du bâtiment de la grande charreterie, construite spécialement à cet effet. Les tonneaux où s’élevait le cidre étaient entreposés dans la pièce voisine, le cellier. La cave voûtée située sous le logis ainsi que le cellier du Pavillon, abritaient aussi de nombreux tonneaux. Au pied du fût de la grande cheminée du pavillon, la porte d’accès à la cave a d’ailleurs été barriquée de façon à laisser passer des foudres de plus grande contenance.
Le fournil ou boulangerie situé entre le jardin et le verger pouvait desservir une partie de la population locale. Il était encore en usage pendant la première guerre mondiale. Il a été remis en état en 2018.
Enfin, le jardin clos servait surtout de potager et de verger.
L’architecture du manoir du Pavillon
Dans les temps médiévaux, les habitations étaient très sommaires. Dans les campagnes, il s’agissait le plus souvent d’une construction comportant une seule salle sous charpente. Les modestes seigneurs locaux habitant ces campagnes vivaient de la même façon que leurs paysans. Au fil du temps, le seigneur a voulu se démarquer en créant un espace privatif dans l’habitation.
C’est le schéma architectural rencontré dans le logis initial du manoir du Pavillon à Ryes : à l’origine existait une simple salle commune de plain-pied sous charpente avec sa cheminée sur le mur pignon Est. Puis on élève un corps de bâti de l’autre côté du mur pignon supportant la cheminée, composé d’une chambre en surcroît d’un cellier, lui-même élevé sur une cave voûtée éventuellement plus ancienne, desservie par un escalier à ciel ouvert. La nouvelle chambre est accessible uniquement de l’extérieur côté jardin par un escalier en bois.
Vers le XVe siècle, peut-être après le départ des Anglais de Normandie en 1450, un plafond est édifié dans la grande salle. Pour accéder au comble, on construit une tour d’escalier en vis, accolée au logis dans sa partie sud-ouest.
Au début XVIIe (Louis XIII), on décide de transformer profondément l’ancien logis médiéval en y adjoignant un corps de bâtiment carré, perpendiculaire au logis existant côté nord et constitué d’un cellier surmonté de deux étages plus un comble, coiffé d’une magnifique toiture en pavillon à trois pans, décorée de lucarnes filantes éclairant le second étage et le comble. Le propriétaire de l’époque fait également reprendre l’architecture extérieure du vieux logis pour lui donner un aspect cohérent avec celui du pavillon nouvellement bâti.
Ce qui frappe surtout dans l’architecture de ce manoir c’est le soin apporté à la décoration, avec ses cheminées monumentales, ses fenêtres filantes, ses chaînages en pierre, ses lucarnes élégantes et ses éléments de décor en pierres taillées ou sculptées.
Le grand portail triple en pierre avec son échauguette attire justement l’attention. Il daterait du logis initial (fin XIIIe siècle) avec ses arcades profondément moulurées et aurait également fait l’objet d’une rénovation à l’époque de la construction du pavillon, portant essentiellement sur la partie haute de l’édifice avec adjonction de trois frontons triangulaires, dont le dessin fait écho à la décoration extérieure de la cheminée monumentale du pavillon.
Avant qu’Arcisse de Caumont ne représente le manoir avec son portail sur un dessin publié en 1857, le toit du Pavillon est reconstruit avec deux pans. Beaucoup moins élancée et sans ornementation, cette nouvelle toiture heurte l’harmonie de l’architecture initiale à trois pans. Des traces de la toiture ancienne subsistent, qui indiquent notamment la forte pente du pan de toiture triangulaire d’où s’élançait initialement le haut fût de la cheminée monumentale.
