Bestiaire Citoyen: Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre
En primaire, j’étais seule à jouer au foot avec les garçons. Toujours la seule fille. Je jouais plutôt bien, mais je me souviens qu’un garçon me disait que je n’avais pas ma place sur le terrain, qu’une fille ne devait s‘occuper que de la cuisine et du ménage. C‘est à cette période que j‘ai découvert les notions de sexisme, de féminisme et avec ça d’homosexualité, bisexualité, transsexualité (témoignage de Solrun, La Libre Belgique 2018). Ce nouveau volet du « Bestiaire citoyen » se situe au coeur d’un collège animal imaginaire, contaminé par les discours de haine et de discriminations anti-LGBT. Ce projet s’attaque aux distinctions stéréotypées, aux situations de discrimination voir de harcèlement auxquels nos jeunes peuvent, dès cet âge, être confrontés, soit comme acteurs soit comme victimes, entre eux, mais aussi vis à vis de parents d’élèves ou professeurs. Le premier intérêt de cette médiation par la fable est la capacité de travailler sur le vocabulaire « humain » (homophobie, genre, etc…) dans un univers fictionnel, en contournant la gêne, les interdits ou la charge symbolique de ces même mots. L’autre bénéfice, largement vérifié dans le premier opus est l’aspect non injonctif des contenus, présentés sur un mode humoristique, décalé, grâce aux marionnettes (cela nous a permis, par exemple, d’évoquer les relations « israélo-palestiniennes» dans le premier épisode). L’appui comparatif sur le genre animal permet également de souligner l’arbitraire du recours à des prétendues « lois de la nature » justifiant un comportement majoritaire auquel s’opposeraient des comportements amoureux, sexuels ou sociaux-familiaux minoritaires, déviants etc… En faisant apparaître de façon ludique que l’objectif du vivant est bien la relation* (et non seulement la reproduction), que la concurrence entre espèces n’est pas le moteur de l’évolution*, la société animale décidera de mettre en place, comme elle le fait face aux discriminations racistes, antisémites ou sexistes, des principes intangibles de respect et d’égalité entre les citoyens. Il y a donc bien une unité entre tous ces sujets et pertinence à les traiter, à la façon d’un bestiaire, procédé fictionnel millénaire. *Thierry Lodé