Les sources principales du livre viennent d’un fonds d’archives oublié, contenant des duplicatas de certificats d’identité délivrés par l’Office des réfugiés arméniens de Marseille, entre 1929 et 1941. À partir des noms, prénoms, dates et lieux de naissance, Anouche Kunth a identifié les marques de bifurcations multiples, de ruptures radicales survenues dans les trajectoires d’Arméniens originaires de l’Empire ottoman et réfugiés en France au lendemain de la Première Guerre mondiale.
La paix n’a pas permis aux survivants du génocide (1915 - 1916) de retourner vivre en Turquie, à la suite des politiques d’exclusion mises en œuvre par le régime kémaliste. D’infimes traces de ces vies déplacées se sont déposées au détour de formalités ordinaires. Par petites touches, le passé étend ses ombres à travers les liasses.

DANS LA PRESSE
« Anouche Kunth l’avoue d’emblée, elle aurait volontiers «passé son chemin», devant des archives si arides. Mais dans les boîtes, les regards insistent, comme les mille détails qui font surgir le passé, le noir d’un tissu de deuil, la découpe d’une petite croix arménienne. Alors l’historienne contextualise, croise les sources, identifie des séries, tente des calculs. Reconstitue des trajectoires vivantes malgré tout. Les naissances des enfants cartographient l’exil, les filiations s’élargissent pour accueillir les orphelins, les demandes en mariage envoyées des États-Unis ouvrent, à des milliers de kilomètres, la possibilité d’un avenir. Au bord de l’effacement raconte une quête. »
Béatrice Bouniol, La Croix

Anouche Kunth est historienne, lauréate de la médaille de bronze du CNRS pour l’Histoire en 2020, chargée de recherche au CNRS, membre de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris-EHESS). Elle est notamment l’autrice de Exils arméniens. Du Caucase à Paris (1920-1945) (Belin, 2016), et membre de la revue Sensibilités.