Égalité et sciences : la place des femmes
Comité scientifique : Alice Bouillet, Enora Deminal, François Faraldo, Lucas Jacquet, Rachel Lapicque, Marie-Françoise Roy , Nicoletta Tchou
Gratuit sur inscription en écrivant à egalite@univ-rennes.fr
ou via ce formulaire
Programme
Chaque conférence décrira comment, dans des domaines spécifiques, une discipline scientifique donnée, en ne voyant pas les femmes, en ne les prenant pas en compte, voire en les discriminant, renforce un monde dominé par les hommes, ou au contraire, contribue à l'égalité par des points de vue novateurs et des avancées scientifiques.
9h45 - Quelles interventions pour plus de femmes dans les sciences ? : outils, savoir et savoir-faire pour la création et l’évaluation de politiques publiques.
Pedro Vergara Merino, doctorant en économie , Institut polytechnique de Paris
Role models, tutorats, quotas, bourses, journées scientifiques, …
Face au manque de représentation féminine dans les sciences, plusieurs interventions publiques et privées sont menées chaque année pour essayer de (ré)orienter les femmes vers des parcours scientifiques. Au vue des résultats souvent limités, il est utile de savoir quel type d’intervention mettre en place. Pour ceci, un ensemble d’outils, savoirs et savoir-faire sont à la disposition des chercheurs et des chercheuses. Nous présenterons tout d’abord des articles académiques ainsi que des initiatives publiques et privées, pour montrer comment les apports de diverses disciplines scientifiques peuvent bénéficier au design et l’évaluation de politiques publiques visant l’intégration de femmes dans des milieux où elles sont sous-représentées. Nous traiterons notamment l’utilisation d’essais randomisés contrôlés (RCT en anglais), les interventions individualisées, et l’intelligence artificielle. Finalement, nous présenterons un projet en cours visant à augmenter la part de filles choisissant un parcours scientifique/mathématique à travers des interventions dans le milieu scolaire.
10h45 - "Archéologue : un métier de femme?" : Femmes et genre en archéologie
Raphaëlle Rannou, chargée d’études et de recherche, Insititut National d’Histoire de l’Art
Tantôt minimisée ou fantasmée, entravée et questionnée… Quelle place et quels rôles ont eu les femmes dans la construction et le développement de l’archéologie en tant que discipline scientifique ? Le croisement des études de genre, de l’histoire et de la sociologie permet de mettre en évidence les critères d’exclusion et d’intégration des femmes dans la discipline, les mécanismes de leur invisibilisation – un « effet Matilda » en archéologie –, mais aussi la reproduction d’une répartition genrée des tâches domestiques dans la sphère professionnelle. Quelles conséquences la présence et le rôle des femmes archéologues ont-t-elles sur la science ? Les approches féministes en archéologie ont profondément bouleversé le paysage anglo-saxon et trouvent depuis une dizaine d’années un écho en France. L’archéologie du genre est alors mobilisée pour repenser et interroger les analyses scientifiques au prisme du genre en se détachant des biais et stéréotypes genrés.
11h45 - Pour dégenrer le numérique, cassons les codes !
Cécile Plaud, enseignante chercheure en sciences de l’éducation, ENSTA Bretagne
« Le numérique a attrapé un sexe » et il est masculin. A l’heure où ce champ professionnel a pris une place cruciale dans notre économie, la faible proportion de femmes en son sein va peser durablement sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Bien plus, le numérique constitue aujourd’hui un champ de pouvoir et d’innovation majeure et les femmes y sont sous-représentées. Après avoir cerné les éléments explicatifs à cet état de fait, nous proposerons d’identifier les solutions possibles en centrant notre propos sur l’intérêt des rôles modèles qui agissent comme figure d’identification pour les jeunes femmes à des moments clés de leur orientation scolaire.
14h30 - Les femmes trans dans le sport : une égalité scientifique ?
Ludivine Brunes doctorante - Université de Rennes
De plus en plus, les personnes trans bénéficient d’une visibilité médiatique, scientifique et juridique. Dans le domaine sportif, les JO Tokyo 2020 mettaient à l’honneur plus de 180 athlètes queer dont plusieurs athlètes trans. Si ces données apparaissent comme une révolution, il n’en reste pas moins que le Consensus de Stockholm (Commission médicale du CIO, 2003) avait pourtant permis depuis 2004 la participation des athlètes trans (sous réserve de certaines conditions).
Le travail restant sur l’inégalité des genres n’est plus à démontrer, qui plus est dans la sphère sportive. Pourtant, cette inégalité n’est principalement perçue qu’au travers du prisme cisgenre et ne prend donc pas en compte les discriminations de genre vécues par les personnes trans.
Cette étude vise à comprendre comment sont traitées les athlètes trans féminines dans les articles scientifiques. Sont-elles perçues équitablement avec leurs homologues masculins et non-binaires ? Et par rapport aux athlètes cis féminines ? Les sciences font-elles fi de la perception fédérale de la question ?
15h30 - Inégalités femmes-hommes en matière de contraception
Jean Claude Soufir , médecin endocrinologue à l'hôpital Cochin (Paris) et ancien responsable de l'unité d'andrologie de l'hôpital Bicêtre , Daniel Aptekier-Gielibter, président de l’ARDECOM (Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine)
Actuellement, la contraception est très largement prise en charge par les femmes. S’il existe un large panel de solutions communément utilisées par les femmes,seulement 3 le sont par les hommes : (i) préservatif, (ii) retrait et (iii) vasectomie.
Parmi celles-ci, les deux dernières sont l’une peu fiable et, l’autre doit être appréhendée comme irréversible et par conséquent ne concernent que très peu d’hommes, notamment en France.
Alors que des méthodes de contraception hormonales et thermiques masculines sont investiguées depuis les années 70, et qu’une majorité d’hommes (44-83%) se dit prête à adopter de nouvelles méthodes de contraception, ces dernières peinent à obtenir la validation des instances médicales.
Après avoir introduit certaines solutions de contraception masculine, leur état d’avancement et leur pertinence par rapport aux méthodes hormonales féminines, la discussion portera sur les raisons de l’existence et de la persistance d’une telle disparité d’usages afin de conclure sur le rôle que la recherche scientifique a eu par le passé et a aujourd’hui quant au développement de nouvelles pratiques plus "équilibrées" ?