Reporté à cause de la pluie [Impro Debout 14h devant le Lion du monument]
Plutôt qu’une tribune, Jouer Debout propose de monter en scène: par l'impro, créer une écoute, et inventer peut-être, un autre langage politique ?
Appel à Jouer ➡ http://bit.ly/1TUDPGL
Depuis le 31 mars, Nuit Debout cherche à construire pierre après pierre le nouvel espace de liberté nécessaire à l’expression de nos voix muettes. Un formidable effort de réflexion est mené pour renouveler en profondeur l’espace public et se le réapproprier. C’est peut-être la première fois depuis longtemps qu’est engagée une confrontation sincère aux paradoxes du débat démocratique : comment permettre l’expression de tous, et à partir de cette liberté, comment créer un véritable échange, une écoute, une critique, une proposition ? Offrir 2 minutes de tribune est-il un gage naturel de débat ? Cette organisation ne porte-t-elle pas le risque de voir le débat confisqué par des professionnels du langage, de laisser des voix muettes, ou de réduire au silence le fracas des différences ? Jouer debout s’inscrit dans ce questionnement. Pour briser les chaines du langage politique traditionnel, pour rompre avec une forme d’expression excluante et policée, il faut tenter d’ouvrir une forêt vierge de préconceptions, où la parole spontanée peut s’affranchir de la domestication civique, d’un vocabulaire politique et d’idées reçues, de ce langage qui “dit sans dire”, et ne sera jamais “la prose du vrai”. L’improvisation peut aider à s’émanciper de ce langage qui nous assigne. Elle est l’art du présent, de la présence à soi et au monde. Elle s’exerce par l’écoute, la solidarité, la joie - la bienveillance. Par bienveillance on n’entend pas quelque chose de passif, consensuel et complaisant. On entend quelque chose de véritablement généreux, qui nous fait sortir de nous-mêmes, nous faisant découvrir l’altérité, en soi et dans les “autres”. Cette bienveillance doit être un tremplin de confiance pour s’élancer dans le vif, à nos rires et périls, pour tisser des moments denses dans nos failles respectives. ‘Partage’, ‘commun’, ‘empathie’... autant de mots usés et abstraits qui finissent par glisser sur nous sans nous toucher. Il est temps de se mettre à l’épreuve, d’apprendre la rencontre, si inquiétante soit-elle, d’apprendre à sentir et encourager ce qu’on sent. L’improvisation est justement ce travail du surgissement, du singulier offensif, impertinent, qui brûle les uniformes et déserte les déserts. Nous sommes réunis pour dire “Non”, l'impro vient nous commander de dire “Oui” - à tout et à tout le monde, toutes les idées, toutes les propositions, à l’absurde de la situation, dire oui au bac à sable ou au désert, à la candeur, oui au fragile, oui au délire, oui au rêve, oui à l’oubli, dire toujours oui pendant 3 minutes de jeu. Sous les yeux du Lion de la République, vous êtes donc invités à être Enfant, le temps d’un après-midi, à jouer debout, avec des gens que vous ne connaissez pas, sur un thème que vous découvrirez. Entraînés par des comédiens d’impro et un collectif bienveillant, nous pourrons écrire nos propres mots ou partager nos propres rêves, nous réapproprier nos corps poétiques. Nous avons un langage à réinventer. Par le jeu, par le masque et le mime, peut-être y a-t-il une chance de construire une bulle de bienveillance et de naïveté, une chance pour le partage humble et sincère des idées, pour l’exaltation d’un corps et d’une parole politique qui deviendrait, enfin, la “prose du vrai” ?