"Pour un féminisme universel" (Seuil) par Martine Storti
Martine Storti, féministe depuis les années MLF discute dans son essai à la fois l’instrumentalisation du féminisme dans une perspective identitaire, nationaliste et raciste, et ce qui se donne pour de nouvelles radicalités (intersectionnalité, décolonialité, afroféminisme…) Se situant « sur une ligne de crête » pour tenir à distance les confusions et les intimidations des deux bords, elle s’efforce de tracer un autre chemin, celui d’un universel comme chantier et comme processus qui se construit dans des luttes, dans des alliances et des convergences, dans un « en commun » des femmes, tant du côté de l’oppression que de l’émancipation. Chemin d’universalisation plutôt qu’universalisme, qui se nourrit aussi d’une expérience de terrain, par exemple la lutte des Iraniennes contre le port du voile ou des Afghanes pour l’éducation des filles. Sa conclusion résume bien l’enjeu tel qu’elle le pose : je garde le mot « féminisme » écrit-elle, car la lutte pour l’égalité et la liberté des femmes n’est pas une lutte pour une minorité ou pour une moitié de l’humanité, c’est une lutte de l’humanité en général, qui change la société tout entière. Il s’agit donc d’un féminisme en construction permanente, comme la démocratie.