Le musée des Beaux-Arts organise une exposition-dossier autour d’une œuvre exceptionnelle de la production tourangelle du début du XVIe siècle : la Vierge de la Carte de Michel Colombe. Cette sculpture, longtemps conservée dans une collection privée, n’a été visible qu’une seule fois par le grand public, lors de l’exposition France 1500 (Paris, Grand-Palais, 2010-2011). En 2022, le Louvre a acquis la Vierge de la Carte et l’a restaurée. Le prêt de la statue est l’occasion de présenter pour la première fois cette œuvre unique dans son contexte de création.
La commande de cette Vierge à l’Enfant a très vraisemblablement été passée par Jacques de Beaune à Michel Colombe pour la chapelle du château de la Carte (actuelle commune de Ballan-Miré). Maire de Tours en 1498-1499, gouverneur et bailli de Touraine en 1516, le maître de l’argenterie est devenu rapidement un personnage important de la cour. Grand financier du royaume, il soutient notamment l’effort de guerre en Italie, et a la confiance de la reine Anne de Bretagne puis de la mère de François Ier, Louise de Savoie, avant d’être disgracié et de mourir pendu en 1527. Sa réussite sociale et son ambition se reflètent notamment dans ses propriétés et commandes artistiques passées aux artistes contemporains (château, hôtel particulier, fontaine, tapisseries, vitraux, sculptures…), qui seront évoquées dans l’exposition.
Peu d’œuvres nous sont parvenues de Michel Colombe, le sculpteur le plus réputé à Tours dans ces années, qui est notamment l’auteur de la médaille commémorative de l’entrée de Louis XII et Anne de Bretagne à Tours en 1500, et auquel la reine a confié la réalisation des tombeaux de ses parents (Nantes) et de ses enfants (Tours). La Vierge de la Carte lui a toujours été attribuée par son style ; elle s’impose comme une œuvre majeure, qui se distingue dans la production de son temps, et doit en particulier être rapprochée de la Vierge à l’Enfant peinte par Jean Fouquet, pour l’un des panneaux du diptyque de Melun.
L’exposition du musée des Beaux-Arts de Tours vise à éclairer le caractère unique de cette sculpture en la replaçant dans le contexte des commandes artistiques de Jacques de Beaune, en la comparant à des statues de Vierge à l’Enfant du Val de Loire, et en retraçant son histoire matérielle plus récente grâce aux découvertes révélées lors de l’enquête réalisée par le C2RMF à l’occasion de sa restauration.