Une heure, une œuvre : Juego de Cartas, de Max Aub (1964)
À l’occasion du cinquantenaire du décès de Max Aub (1903-1972), le Musée présente l’une de ses œuvres les plus inclassables, jamais traduite en français. Poète, écrivain, homme engagé auprès de la jeune République espagnole, Max Aub rejoint le Mexique après avoir connu les camps de concentration franquiste et français. Il y conçoit une grande partie de son œuvre, notamment Crimes exemplaires (1957), son œuvre la plus connue, et l’année suivante une ingénieuse supercherie littéraire sur la vie imaginaire d’un peintre catalan immigré en France, Jusep Torres Campalans (l’ouvrage a été réédité en 2021 par les éditions Verticales). En 1964, Alejandro Finisterre, un anarchiste espagnol (et inventeur du baby-foot), également réfugié au Mexique, publie Juego de Cartas (Jeu de cartes), curieux objet littéraire à l’humour grinçant dont le but est de reconstituer – ou pas – la vie d’un mystérieux personnage qui vient de mourir. Au recto des cartes, des textes épistolaires attribués à ceux qui l’ont connu, au verso des dessins de Torres Campalans inspirés des cartes traditionnelles françaises et espagnoles. Métaphore de la place du hasard dans la vie, Juego de cartas est une réflexion sur l’identité jouant sur la fragmentation des points de vue et la multiplicité des interprétations possibles. Le lecteur, joueur, auditeur n’a plus qu’à mener l’enquête…