Radio Fréquence Monde
A partir d’un travail de recherches, Radio Fréquence Monde ouvre une bulle de partage, d’écoute et de bienveillance autour de ces musiques qui circulent avec les femmes et les hommes et font voyager en pensées.
Lorsqu’on aborde la question des camps de transit des exilé.e.s en Europe, la musique semble accessoire, futile là où l’eau manque, où les violences de toutes sortes - policières, psychologiques, celles des passeurs et celles que l’on retourne contre soi : bouche cousue et doigts brûlés - constituent en partie l’horizon. Pourtant, pour ceux qui y accordent de l’importance, elle joue des rôles différents mais vitaux. Imaginez que vous êtes en exil, aucun lieu que vous traversez n’est un « chez vous » : comment pouvez-vous vous construire, exister non comme « réfugié », « exilé »,mais comme personne singulière, reliée à une histoire, à une communauté sensible ?
La musique le permet, elle offre une bulle temporelle et spatiale et les téléphones portables sont utilisés à cet effet, non uniquement pour « communiquer », organiser le passage, saisir des informations, mais également pour musicaliser les lieux de l’exil et les faire siens.
Faire le choix de ce que l’on écoute, là où tous les autres choix semblent vous échapper, c’est déjà cela. L’espace-temps de la musique devient un asile musical, un lieu pour se construire et se préserver, un peu à l’abri. C’est la leçon que nous avons tirée d’une année d’engagement sur le camp de Grande-Synthe, qui nous a conduits à accompagner des musiciens, partager des temps d’écoute musicale au Women’s Center.
Radio Fréquence Monde s’articule en plusieurs espaces intimistes, chacun autour d’un thème qui permettent aux visiteurs de s’imprégner des différentes ambiances musicales. L’expérience se prolonge grâce à la présentation de plusieurs films et clips vidéo en lien avec les playlists et circulations musicales.
Radio Fréquence Monde a été élaborée de manière participative, enrichie grâce à un travail de médiation auprès de personnes migrantes, exilées ou vivant dans des quartiers populaires marqués par l’immigration vers la région des Hauts-de-France, partenariat avec la CIMADE, le GrDr et FAME, RadiO TrOpiCalAis du Channel, scène nationale de Calais, qui a réalisé
un magnifique travail sonore avec de jeunes exilés et une sélection de
mix créés pour les Siestes Electroniques à Paris au musée du Quai Branly.