Revisiter le monument théâtral qu’est Le Visiteur, d’Éric-Emmanuel Schmitt, c’est s’attaquer à un succès encensé par trois Molières en 1994.
C’est proposer aussi une lecture neuve d’un texte porteur d’une question ouverte : celle de la foi face au mal du monde. C’est enfin interpeller sur le sujet chaque spectateur en son for intérieur, avec des questions essentielles et pleines de sens. Même s’il ne prétend jamais être Dieu, l’énigmatique visiteur suscite l’interrogation du public embarqué avec facilité par deux très grands comédiens : Sam Karmann dans le rôle de Freud et Franck Desmedt qui compose un visiteur tout en finesse. On se prend au jeu !...

Au rythme d’interprétations travaillées dans le détail, d'un remarquable décor et d’une mise en scène savamment tissée par Johanna Boyé.
Animé d’un curieux plaisir, on plonge sans retenue dans cette ambiance surnaturelle à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar. L’atmosphère tendue est celle de l’occupation allemande, des rafles et de l’ambiance délétère et anxiogène subie par les populations civiles.

C’est dans ce contexte que la rencontre totalement fortuite entre ces deux énigmatiques personnages va prendre tout son sens, sa dimension spirituelle, et nous toucher au plus profond.
Du grand et beau théâtre, particulièrement intelligent.