« Bengué, piège à migrants » & « La Dame du champs de menthe »
Dédicaces de « Bengué, piège à migrants » de Maury BAYO & « La Dame du champs de menthe » de Amid Beriouni et Christophe Chabbert
« Bengué, piège à migrants » roman de Maury Bayo
- Édition Maïa ISBN : 978-2-37916-150-6
https://www.editions-maia.com/livre/bengue-piege-a-migrants/
Sogbèty Yawatè, un ressortissant ouest-africain se retrouve à Bengué. Ce rêve longtemps caressé est désormais assouvi. Mais très vite, son illusion vire au cauchemar. Il est confronté aux aspérités de l’aventure. Personne ne lui fait quartier sinon pour abuser de lui. Même les Noirs à Bengué sont sans pitié entre compatriotes. De péripéties en péripéties, le protagoniste s’enfonce davantage. Sur son chemin, il fait la connaissance de plusieurs migrants de divers horizons : Afrique noire, Maghreb, Asie, Europe… Chaque personnage raconte son récit, aussi pathétique que renversant. Mais pourquoi ne pas retourner au bled ? Voilà où le piège s’ouvre encore béant…
Bengué, piège à migrants est un réquisitoire mais aussi un ensemble de propositions dans un travail de création profondément littéraire. C’est un roman réaliste dont les faits relèvent d’observations et de regards croisés sur la crise migratoire.
Maury Bayo est professeur de français et journaliste de formation. Il est natif d’un village situé au nord-ouest en Côte d’Ivoire. Familier et fin observateur de l’univers des migrants en France, il raconte dans ce roman, ce qu’il a vu, entendu et vécu
- "Bengué, piège à migrant" est un document pour ceux qui cherche un témoignage et plus pour d’autres intéressés par les valeurs et vertus, plus initiés, qui savent qu’il y a un moment où "ce qui est voilé pourra apparaîtra, l’œil verra ce qu’il ne voyait point et il connaîtra. Tout ce qui était intérieur deviendra extérieur." Amadou Hampâté-Bâ
Cette œuvre est volontairement, imaginaire. Et cependant tout y est vrai.
Elle révèle un visage de l’Europe. C’est un éclat par la lumière qui baigne cette histoire, un regard attentif vers l’autre, à une époque où l’on veut imposer aux monde le modèle occidental.
Dans l’impuissance de l’homme à comprendre et à vivre l’évolution et les changements que lui impose son histoire, Sogbèty est doté de lucidité, il n’isole rien, associe toute chose dans sa relation avec son opposé. L’équilibre est en toute chose : si le désespoir s’accroît, l’espoir grandit avec lui.
Il a soif d’absolu mais il sait que seule la mesure peut le rapprocher de la vérité, cette insaisissable divinité aux innombrables voiles.
Avec la vérité, des pas dans le vide, des cris déchirés... le voyageur solitaire conduit son chemin.
« Attachons nos ceintures » pour « faire plongeon dans la parole » et frapper aux portes du mythe.
Tout au long de la lecture de « Bengué - Piège à migrant », de ce télescopage de peuples, de langues et de cultures, il est évoqué ce qui est resté dans la mémoire de Sogbèty.
L’auteur, Maury Bayo dans cette nappe d’images entremêlées choisit de faire comme un conteur peul :
« Faire plongeon dans la parole
Et faire des brasses
Nager, ramer font mes pieds
Ce que je vais dire est plus qu’un rêve
Mon débit sera rapide
Pardonnes si la langue me fourche
Ou si j’oublie, ou je saute
Ou si ma langue en omet.
Tout dévideur verra un jour son fil emmêlé
L’écheveau s’embrouille
Il en coupe et renoue ... »
Sogbèty a pris le bâton noueux avec lequel il ôtera les ronces sur la route. Initié, il s’affuble d’apparences dérisoires. Le dépouillement de soi est une des conditions de l’accession de l’âme à la vie spirituelle où l’homme doit se faire réceptacle vide pour mieux accueillir la connaissance. Sogbèty sait que l’ivresse engendre vertige et divagation, le sommeil extirpe du corps la vigilance, le souci sèche les yeux et leur interdit le sommeil. La mort projette tout dans l’inconnu et l’éternité appartient à l’âme.
En vérité, jamais conte n’a autant mérité d’être remis à la mer, à la Mère, cette formule rituelle pour ouvrir une ère de paix, d’humanisme, un paradis de fraternité inter-ethnique.
03 septembre 2019 - P.R.
« La Dame du champs de menthe » de Amid Beriouni et Christophe Chabbert - Éditions Harmattan ISBN : 978-2-343-17515-7 • 9 mai 2019 • 176 pages http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=62980
Un petit garçon vit avec sa mère et ses sœurs dans un pays lointain. Son père est absent de longs mois. Il travaille pour une femme sans visage dans une contrée féerique dont il revient toujours avec de beaux habits et des oranges délicieuses. Personne ne connaît le nom de cette femme et personne n’a jamais pu voir ses yeux. Un jour, son père rentre à la maison et décide de repartir en emmenant toute la famille avec lui. Une odyssée commence alors pour ce petit garçon. Au milieu d’un champ de menthe, une porte monumentale se dresse : elle permet le passage vers ce pays inconnu.
Amid Beriouni et Christophe Chabbert abordent, dans ce conte « réel-merveilleux », les grands thèmes qui traversent la société française d’aujourd’hui : l’immigration, le déracinement, l’intégration... Loin de toute repentance et de tout nationalisme, avec légèreté et humour, ils essaient de construire les fondations d’un pays enfin réconcilié et apaisé.
Amid BERIOUNI est né au Maroc en 1962 et a grandi à Saint-Étienne et à Paris. Conteur, comédien, metteur en scène, il intervient aussi sur l’oralité « Prends soin de ta parole » auprès d’ingénieurs, de chefs d’entreprise, de collégiens et lycéens. Il écrit pour le théâtre et a publié un album pour le jeune public chez le Griffon Bleu : L’arbre du désert. Ce texte avait reçu en 1990 le premier prix du concours de pièces radiophoniques RFI.
Christophe CHABBERT est né en 1971. Docteur de l’université Paris XIII, spécialiste des littératures de l’océan indien et en particulier de l’oeuvre de Malcolm de Chazal, il est actuellement professeur de lettres modernes au collège Jean-Louis Étienne de Mazamet. Il est également l’auteur de deux romans, Dans l’enfer de Montlédier et La belle Clotilde, parus aux éditions L’Harmattan et d’un récit, Quand j’étais gangster, paru aux éditions Flammarion.
Un conte, beaucoup de portes à franchir et une grande richesse de sentiments, de passions, une ouverture sur le monde des migrations,… des vertiges et tourments.
Un combat pour se trouver et se construire, inventer et quitter les illusions. Un jeu pour être un je.
Un clin d’œil sur Sartre dans l’Être et le Néant ; faire le garçon de café et par essence ne pas être garçon de café.
Le rôle des autres, une société où nous resterons le produit de notre classe sociale sans une prise de conscience pour s’arracher de cette détermination et accéder à une part de soi plus authentique.
Comme dans une description surréaliste d’un menu, l’humour a une place importante, attitude esthétique, mais aussi historique et politique.
Une gigantesque pyramide d’amour qui nous mène à la découverte de la femme « Dame du champ de menthe » et sa véritable identité.Un monde de surprise, le rapport entre le contrat et le pouvoir paternel, entre loi et mœurs, le juste et l’injuste.
Dans l’histoire, tout est si peu vraisemblable, le lecteur doit faire l’usage de la « Raison »… Une fable où tout est objet de doute.
20 juin 2019 – P.R.