Ciné-débat autour du film "Hospitalières et suppliantes"

Un film qui raconte une pièce de théâtre (et bien plus) sur l'exil et le droit d’asile en interprétant la plus vieille tragédie écrite de l’humanité : Les Suppliantes, d’Eschyle.

Projection du film "Suppliantes et hospitalières" (1h) du réalisateur Pierre Guicheney
Suivi d'un échange avec les spectatrices et spectateurs et des intervenant-es des associations, des personnes concernées par le contexte de l'exil, comédien-nes de la pièce de théâtre.
Co-organisé par La Goutte d'eau, l’Amicale laïque de Sucé-sur-Erdre, SSAR (Solidarité sucéenne avec les exilé-es) et les Lombrics Utopiques.

La pièce de théâtre « Les Suppliantes » sera jouée le 29 novembre à La-Chapelle-sur-Erdre (Capellia).

Synopsis : Des réfugiés de dix-huit nationalités et des comédiens amateurs mayennais, soit une troupe de plus de trente personnes, se sont miraculeusement réunis à l’initiative du metteur en scène Jean-Luc Bansard pour témoigner de l’exil et questionner le droit d’asile en interprétant et en chantant la plus vieille tragédie écrite du patrimoine de l’humanité : Les Suppliantes, d’Eschyle.

Interview du réalisateur Pierre Guicheney, propos recueillis par Sandrine Quemeneur pour France 3 Pays-de-la-Loire
Comment avez-vous rencontré les réfugiés ? D’où est venue l’idée du documentaire ?
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors du tournage ?
Que sont devenus les réfugiés depuis le tournage ?
L’idée du documentaire m’est venue pendant que j’assistais - par le plus grand des hasards - à une représentation de la pièce - la deuxième - dans le théâtre à l’italienne de la ville de Mayenne. J’ai été bouleversé, émotionnellement et intellectuellement, par la présence sur scène de demandeurs d’asile qui interprétaient cette tragédie qui met en scène des demandeuses d’asile, les «suppliantes» du titre. Le fait qu’il semble que cette pièce soit la plus ancienne de celles que nous aient légué les Grecs de l’antiquité a sans doute renforcé
cette impression d’assister à une tragédie éternelle. Par ailleurs, au moins depuis les «boat-people» des années 70 en provenance du Vietnam et du Cambodge, la ville de Mayenne a une tradition d’accueil des réfugiés. Le théâtre était donc rempli «d’hospitaliers» qui vibraient à chaque réplique et à chaque chant de la pièce. L’émotion était palpable physiquement. Je n’ai jamais vécu cela au théâtre, c’était extrêmement fort, il fallait répondre au message, chanter à l’unisson des comédiens amateurs qui nous avaient fait vibrer. C’est grâce à l’initiateur de cette aventure, le metteur en scène Jean-Luc Bansard, qui a tout de suite accepté que nous tournions un documentaire autour de son projet, que j’ai pu rencontrer les réfugiés.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors du tournage ?
Le courage de Jean-Luc Bansard, son incroyable force de travail, son obstination, sa force de conviction et aussi sa souplesse : les réfugiés sont souvent dans des situations de précarité totale. Mener un projet artistique avec eux, c’est aussi répondre à beaucoup de besoins en matière de logement, de nourriture, d’aide dans leurs démarches, leurs problèmes de santé. Il faut beaucoup d’équilibre intérieur et de savoir-faire. Je crois que la maturité humaine et artistique de cet homme est la clé de la réussite incroyable de son projet : «Les Suppliantes» entament leur troisième année de tournée, ils ont joué dans tout le Grand Ouest, à Paris, à Grande-Synthe près de Calais. Partout, c’était salle comble. L’autre chose qui m’a marqué est que presque chacun.e.s des demandeuses et demandeurs d’asile qui participent à la pièce pourrait être le sujet d’un film, à cause de sa provenance, de son histoire personnelle, de son parcours parfois héroïque. Il a donc fallu renoncer, renoncer, renoncer pour arriver à raconter cette aventure en une petite heure. Un exercice extrêmement difficile, mais passionnant.