Il s'agit ici d'une œuvre atypique: quand il s’inspire de la mythologie, Picasso en fait généralement jouer les personnages dans un théâtre personnel. Ici, en revanche, il illustre fidèlement un passage de L’odyssée d’Homère : instant ou Ulysse écoute de tout son être le chant suave des sirènes. Elles tournent autour de son voilier pour l’attirer par leurs voix et le détruire, tandis que, pour leur résister, il s’est attaché au mât de son navire.
Le visage d’Ulysse, douloureux et pâle, est le cercle central autour duquel tournoient deux sirènes, visages sombres et triangulaires, corps décorés de chevrons pointus mais seins arrondis. Tournoient également les rames du navire, et, soulignée par la danse des lignes blanches de la mer, dont l’agitation, accentuée par les traces vives du pinceau, accompagne le bouleversement intérieur du héros.