Histoire de l'église
LE SANCTUAIRE NOTRE-DAME DE POUEYLAÜN à Arrens-Marsous, paroisse du val d’Azun - Estrèm de Salles, diocèse de Tarbes et Lourdes.
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L’origine de ce sanctuaire n’est pas connue, mais remonte au moins au milieu du XVème s. d’après un don fait à « l’œuvre de Notre-Dame de Poueylaün » (testament de Pierre de Sabaté du 1.11.1449). Son étymologie est formée de deux radicaux : POUEY, qui signifie éminence, monticule et LAÜN, abréviation de LA HOUNT, la source. Plusieurs légendes expliquent son origine. L’une fait référence à deux colombes qui se désaltéraient à une fontaine coulant près de la cabane de l’Aguila, proche du cirque de Troumouse, qui
« allèrent se poser l’une à l’endroit où fut bâtie la chapelle de Héas, et l’autre sur le mamelon de Poueylaün », peut-on lire sur la plaque de marbre blanc qui est fixée sur le fronton de cette fontaine. Une autre parle d’une nuit au cours de laquelle un berger aurait vu une lueur extraordinaire et découvert une statue radieuse d’une Vierge. La population amena la statue dans le village, mais elle fut restituée à PoueyLaün. C’est pourquoi, il fut décidé d’y construire un sanctuaire, dont le sol a été établi directement sur le rocher que l’on a nivelé au cours du temps. Ce sanctuaire est dédié à la Vierge Marie, ainsi qu’à sainte Anne, sa mère, et à saint Joseph, son époux.
L’hospitalet, vaste maison servant à l’accueil des pèlerins, ou des commerçants allant en Espagne par le col de la Peyre Saint-Martin tout proche, a été rachetée par Mgr Laurence, évêque de Tarbes, après la Révolution, puis agrandie pour y installer un collège dirigé par les Pères de Garaison plus connus sous le nom de Missionnaires de l’Immaculée Conception (M.I.C.), au lendemain des Apparitions de la Vierge, à Lourdes, en 1858. Après la fermeture du collège, l’immeuble fut affecté à la formation des M.I.C. A la suite de l’application de la Loi de Séparation de 1905, ce bâtiment a été attribué au département des Hautes-Pyrénées, qui y a installé un sanatorium, dont la gestion a été confiée, par bail de 99 ans, à l’Association Générale des Mutilés de Guerre. Les sœurs franciscaines de Montpellier ont assuré les soins médicaux et la gestion courante de l’institution, jusqu’à sa fermeture, en 2012.
Le portail de la porte d’entrée du sanctuaire, à double vantaux, abrité par un auvent voûté en berceau reposant sur deux colonnes de marbre, est surmonté par une statue en bois peint de la Vierge à l’enfant, copie de celle de la façade de Notre-Dame de Bétharram. Au-dessus de la statue, sont sculptés ces mots d’accueil des pèlerins « Monstra te esse matrem » (« Montre-nous que tu es notre mère »). Au sol, un parterre est constitué d’une mosaïque où alternent des galets de deux couleurs, formant des rinceaux qui encadrent un médaillon central où se lisent les lettres « AM » entrelacées, initiales d’Ave Maria (« Je vous salue, Marie… »). Il est signé « E. Guinle » et daté « 1894 ».
Le clocher a été couvert d’un toit hexagonal en 1549, puis, après le terrible tremblement de terre du 21 juin 1660, a été consolidé et rehaussé, en 1684. Il abritait quatre cloches. Durant la Révolution, trois furent transformées en canon. La quatrième servait à donner l’alerte en cas d’approche des armées venant d’Espagne. Aujourd’hui, il n’en compte plus que trois.
La voûte de la nef est une voûte lambrissée en bois dont les arceaux maçonnés et les clefs pendantes rappellent l’architecture gothique. Elle est peinte, et représente un ciel azuré parsemé d’étoiles dorées. Sur les faces est et ouest des arceaux qui la soutiennent, sont peints les premiers mots de quatre prières à la Vierge, à savoir le Salve Regina… (« Salut, Reine, Mère de miséricorde… »), le Succurre miseris, juva pusillanimes… (« … secours les pauvres, rends forts les pusillanimes… »), le Sub tuum praesidium, confugimus, Ô Maria… (« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, ô Marie… »)… et l’Ave Maria, sine labe originali concepta … (« Je vous salue, Marie, conçue sans péché…).
Les vitraux datent du XIXe siècle. Ils illustrent quelques invocations des litanies de la Vierge : « Stella matutina » (« Etoile du matin »), « Janua coeli » (« Porte du ciel »),
« Rosa mystica » (« Rose mystique »), « Turris Davidica » (« Tour de David »). Le vitrail qui se situe dans l’axe de la porte d’entrée et dans le même alignement que le grand bénitier accueillant les pèlerins à l’entrée du sanctuaire, représente un lys accompagné du verset du Cantique des Cantiques (2, 2) : « Lilium inter spinas » (« Lys parmi les épines » [« telle est Marie parmi les jeunes filles…] »).
L’autel majeur, consacré à Notre-Dame, occupe tout le fond du chœur, dont le dôme voûté est daté 1715. Il est l’œuvre de Marc Ferrère (1674-1758), illustre membre de cette dynastie de sculpteurs, d’Asté, qui ont fait la réputation de l’art baroque pyrénéen. Sa structure, formant une immense cloison, laisse place, de part et d’autre de l’autel, à deux portes donnant sur la sacristie. L’ensemble de l’œuvre, d’une surface de plus de 100m², est en bois, recouvert d’une dorure à l’or fin, qui resplendit à la lumière qui vient des larges baies qui l’éclairent, ce qui a valu au sanctuaire le nom bien mérité de « capère daourade » (chapelle dorée). Son programme liturgique se déploie sur trois niveaux. Au niveau inférieur, l’autel supporte un tabernacle en forme d’urne, sur la porte duquel est sculpté un pélican donnant ses entrailles à ses petits (allégorie de l’offrande eucharistique). Sur l’antependium (devant de l’autel), est figurée en médaillon, l’Annonciation, c’est-à-dire l’annonce de la maternité de Marie par l’archange Gabriel, premier Mystère joyeux du Rosaire. Au niveau central, le retable se compose de la statue de la Vierge et de son Fils Jésus, tous deux couronnés (1er mai 1874), avec à sa droite, la statue de saint Pierre tenant une clé, et à sa gauche celle de saint Jean l’Evangéliste, un aigle à ses pieds. Au niveau supérieur, l’attique est supporté par quatre colonnes torses à chapiteaux corinthiens inverties deux à deux dans le sens des spires. Enguirlandées de pampres feuillus et fruitées de raisins picorés par de nombreux oiseaux, elles rythment le retable. Au niveau de l’attique, un panneau sculpté représente l’Assomption de Marie, accueillie par un chœur d’anges adorateurs. Un acrotère dans lequel est inscrit le Tétragramme en Hébreu יהוה (nom de YAHVÉ ou YHWH, « DIEU ») couronne l’ensemble.
L’ornementation du sanctuaire et de la nef. On la doit à Jean II Ferrère (1718- 1795), fils cadet de Marc, qui, dans les années 1760-1770, réalisa les boiseries du sanctuaire, en particulier le siège du célébrant, puis le crucifix reprenant le blason des Doctrinaires qui consiste en une croix ornée des instruments de la Passion du Seigneur, la chaire qui lui fait face, , et enfin les quatre confessionnaux, qui rappellent la vocation pénitentielle d’un sanctuaire. Il ne faut pas confondre en effet le bénitier du sanctuaire avec les fonts baptismaux, qui se trouvent dans l’église paroissiale.
La chapelle Sainte-Anne. L’autel a été restauré en plusieurs campagnes de travaux, dont la dernière date de 1867, comme l’indique l’inscription gravée au sommet de l’attique « Fait par P[ier]re Soutric d’Arrens, l’An 1867 ». La niche centrale du retable abrite une statue de Sainte-Anne portant la Vierge, encadrée, à droite, par un panneau représentant Marie enfant, remplie de l’Esprit Saint, figuré par une colombe, image de son Immaculée Conception, entourée de son père, saint Joachim, et de sa mère, sainte Anne, et, à gauche, par un panneau de même dimension, où l’on voit sainte Anne montrer à Marie une page du livre ouvert des Saintes Ecritures. Au-dessus de la table d’autel, une frise représente la Cène. Un oratoire dédié à Sainte-Anne se trouvait aussi à l’extérieur du sanctuaire. Aujourd’hui, seule une statue et un ancien bénitier en rappellent le souvenir.
La chapelle Saint-Joseph. L’autel, épargné par la Révolution, a conservé tous les caractères du style baroque des retables pyrénéens : virtuosité de la sculpture, dans le traitement de la corniche et des ailes latérales, qui encadrent la partie centrale du retable, où se trouve une statue de Saint Joseph.
A l’extérieur, sur le chemin qui mène au sanctuaire, se trouve la chapelle Saint- Roch. Ce saint est le saint protecteur et guérisseur des maladies contagieuses. Elle a été édifiée en 1753, vraisemblablement en mémoire de la grande peste de 1652-1653, venue d’Espagne, qui a fait d’énormes ravages dans la vallée (plus de 1 200 morts à Arrens !).
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