Proches et lointains : Giacometti, Noble, Zinelli
Suite au traumatisme de la guerre d’Espagne à laquelle il participe, Carlo Zinelli (San Giovanni Lupatoto, 1916 – Vérone, 1974) est définitivement interné, en 1947, à l’hôpital San Giacomo alla Tomba à Vérone. Il y vit très isolé jusqu’au moment où, en 1957, il intègre l’atelier de pratique artistique créé la même année, au sein de l’hôpital, par le sculpteur Michael Noble.
Au sein de cet atelier, Zinelli réalise, jusqu’en 1973, des centaines de gouaches et quelques sculptures. Avec un sens inné de la couleur et de la composition, il trace d’énigmatiques scènes riches en détails de la vie quotidienne dressant une sorte d’inventaire de personnages, d’animaux et d’objets, de formes réelles ou inventées.
À partir de 1965, il associe au dessin des lettres, des mots, des phrases ; le dialecte local se mêle à l’invention verbale pour former un discours distinct de la narration propre aux images. Si l’on a cherché les influences possibles dans l’œuvre de Zinelli, il en est une qui a été peu explorée : celle d’Alberto Giacometti et, tout particulièrement, de ses sculptures de marcheurs. Michael Noble était lui-même sous l’influence de Giacometti comme en témoigne certains de ses bronzes. Ainsi, dans le silence de l’atelier et sans que les mots n’interviennent, une œuvre va être partiellement transposée dans une autre et influencer une œuvre majeure de l’art brut.
Commissariat :
Christophe Boulanger, attaché de conservation pour l'art brut
Savine Faupin, conservatrice en chef en charge de l'art brut