Visite commentée : des moines dans les grands monts !

Pour la première fois à l'occasion des JEP, les amis de l'abbaye vous proposent de découvrir les fouilles, d'assister à une conférence sur son histoire et de profiter de promenades accompagnées.

© Gilles Valleton

Pour la première fois à l'occasion des JEP, les amis de l'abbaye vous proposent de découvrir les fouilles, d'assister à une conférence sur son histoire et de profiter de promenades accompagnées.

  • Programme des visites :

Vendredi 18 : 14h00 - 16h30 : Accueil des scolaires.

Samedi 19 :

  • 10h30 - 11h00 : Présentation : L'ordre de Grandmont (SASSAG).
  • 11h30 - 12h00 : Conférence.
  • 14h00 - 14h30 : Présentation : L'ordre de Grandmont (SASSAG).
  • 15h00 - 16h00 : Visite du site avec les archéologues
  • 16h30 - 18h00 : Promenade découverte, circuit des étangs (SASSAG et Christophe Cloquier, archéologue subaquatique).

Dimanche 20 :

  • 10h30 - 11h00 : Présentation : L'ordre de Grandmont (SASSAG).
  • 11h30 - 12h00 : Conférence
  • 14h00- 15h00 : Visite du site avec les archéologues
  • 15h30 - 17h00 : Promenade découverte, circuit des étangs (SASSAG)

Age du public ciblé : tout public
Pas d'aménagements à l'accessibilité

  • L'abbaye de Grandmont : un patrimoine à redécouvrir

Dans le cadre de sa première participation aux Journées du patrimoine, la Société des Amis de Saint-Sylvestre et de l'Abbaye de Grandmont (SASSAG, www.sassag.com) organise l'accueil des visiteurs sur le site de l'abbaye de Grandmont et la découverte de son environnement naturel.

Des visites conférences permettront aux visiteurs de découvrir les restes de l'abbaye redécouverts depuis 2013, sur le site appartenant à l'association, grâce aux fouilles archéologiques menées chaque année par une équipe de l'Université de Picardie Jules Verne, sous la direction du Professeur Philippe Racinet.
Depuis 1820 et sa démolition complète par un entrepreneur du bâtiment, rien de visible ne subsistait de cette immense abbaye qu'une chapelle construite avec des pierres issues de la démolition et les quelques objets de culte qui y avaient été transportés.
Après des premiers sondages effectués en 2013, les fouilles ont permis de dégager l'assise des murs et le sol de la nef de l'église primitive. De nombreux tombeaux ont été mis à jour dans l'axe de celle-ci, en particulier celui d'un des deux évêques dont les chroniques mentionnent l'inhumation dans l'église. La magnifique construction du chevet est ensuite apparue plus à l'est. Une zone d'inhumation séparée en plusieurs secteurs d'époques différentes a permis la mise à jour d'un grand nombre de sépultures présentant différents types de construction. En 2018 et 2019, un groupe exceptionnel de fioles en plomb a été découvert en place dans plus de trente sépultures dégagées au chevet de l'église.
Sur le côté sud de l'église, une partie du cloître a été dégagée, cloître qui se poursuit de l'autre côté de la route tracée au XXème siècle à travers l'enclos de l'abbaye. Les galeries nord et est du cloître sont aujourd'hui visibles. Dans celle du nord, qui donnait accès à l'église, le sol était couvert de pierres tombales qui recouvraient chacune plusieurs sépultures superposées. Celle du sud est entièrement recoupée par un impressionnant mur constitué de blocs énormes et parfaitement taillés.
Ce sont en effet les restes de la dernière reconstruction de l'abbaye, à partir de 1760, qui s'imposent quand on pénètre sur le site pour la première fois. D'une facture exceptionnelle, ces murs recoupent l'ensemble des structures antérieures et compliquent leur lisibilité. Pour les archéologues, il s'agit de séparer des constructions étalées sur six siècles et conservées sur le même plan et d'en comprendre l'articulation.
Les visiteurs pourront cheminer au milieu d'un ensemble de pierres sculptées, en particulier des pierres tombales, qui ont été découvertes lors des fouilles. Cette première présentation constitue l'amorce d'un jardin lapidaire que la SASSAG souhaite aménager dans l'enclos de l'abbaye.
Les visites seront complétées de présentations sur l'histoire de l'ordre de Grandmont et de son imposant trésor qui a été dispersé lors de la dissolution de l'ordre, peu avant la Révolution. Malgré les destructions, les ventes et les vols, cette dispersion a finalement permis la conservation de nombreuses pièces qui se trouvent toujours dans diverses églises du diocèse, au musée des Beaux-Arts de Limoges, à Paris et dans d'autres grands musées d'art à travers le monde.

  • Les fouilles archéologiques : quelles problématiques ?

Ces fouilles programmées, soutenues par la Direction Régionale des Affaires Culturelles contribuent à la formation des étudiants en archéologie qui ont l'occasion, pendant cinq semaines chaque été, de travailler avec des spécialistes des nombreuses disciplines impliquées dans la recherche en archéologie médiévale. Elles contribuent, avec la SASSAG et le soutien des collectivités locales, à la valorisation du site culturel en interaction avec son environnement naturel.
Du point de vue scientifique, le projet vise à établir les différentes étapes de l'aménagement du site de Grandmont par les moines. Le site était-il désert ou non à leur arrivée en 1125 ? Quelle fut l'implantation et l'aspect de leurs premières constructions après leur arrivée ? Combien de reconstructions se sont succédé à l'époque de la splendeur de l'abbaye au tournant du XIIIe siècle ? Quelle empreinte eurent les Plantagenêt sur l'organisation d'un édifice où ils résidaient fréquemment et où ils avaient envisagé un temps de se faire inhumer ? Peut-on retrouver les constructions associées à leurs séjours qui sont mentionnées dans les chroniques ? De nouveaux travaux ont-ils été entrepris entre le Moyen-âge et le grand chantier de reconstruction XVIIIe siècle ? Jusqu'à quel moment les moines ont-ils continué à utiliser les bâtiments médiévaux ? Quel était l'avancement du projet au moment de l'abandon du site en 1788 ?
Ces fouilles visent aussi à reconstituer l'empreinte du grand centre de pouvoir que constituait le monastère sur toute la région. Quels aménagements ont-ils pu apporter, grâce à leurs moyens financiers et aux tenanciers sur lesquels ils exerçaient le pouvoir seigneurial, à un environnement peu favorisé par la nature ? Comment étaient organisées sur le terrain leurs activités économiques multiples, aussi bien dans la "franchise", un territoire d'environ 700 hectares sur lequel les abbés et les moines exerçaient un pouvoir souverain, mais aussi sur toute la région environnante où leur puissance féodale entrait en concurrence avec les puissances voisines, laïques comme la châtellenie du Dognon ou ecclésiastiques comme l'évêché de Limoges ?

A propos du lieu

Grandmont, 87240 Saint-Sylvestre
  • Monument historique
  • ,
  • Édifice religieux

Grandmont est un village situé au cœur des monts d'Ambazac qui s'est développé autour de l'abbaye et a longtemps bénéficié des retombées économiques de celle-ci. Jusqu'au XVIIIe siècle, y résidaient notaires et juges en lien avec le pouvoir souverain qu'exerçaient les Grandmontains sur un territoire d'environ 700 hectares entourant l'abbaye, dénommé la « Franchise ». Des artisans travaillaient pour l'abbaye et l'ensemble du village tirait profit du passage des pèlerins et des visiteurs souvent illustres qui y faisaient étape ou y séjournaient. Jusqu'au début du XIXe siècle, le village était le groupement le plus peuplé de la commune avant de décliner dans le courant du même siècle. Construit au XIIe siècle, le monastère devient le centre de l’ordre de Grandmont. Jouant un rôle diplomatique important dans une région frontière entre les domaines du roi de France et l'Aquitaine sous domination anglaise, le site reçoit la visite de personnages prestigieux, plusieurs papes et les rois d'Angleterre Henri II, Jean sans Terre et Richard Cœur de Lion, plus tard du roi de France Charles VII. Les Plantagenêts sont les principaux protecteurs de l'ordre, ils financent largement la construction de l'abbaye et l'acquisition d'un trésor groupant de nombreuses reliques dans des châsses magnifiques groupées autour des restes du fondateur canonisé en 1189. Cent ans après sa fondation, l'ordre de Grandmont n'a plus grand-chose à voir avoir avec l'idéal d'austérité voulu par son fondateur. À la splendeur des débuts, succède une lente décadence jusque vers 1730, date à laquelle les bâtiments menacent ruine. Un ingénieur du roi est envoyé et conclut que l'abbaye n'est pas réparable et doit être reconstruite. Un plan immense est conçu pour un édifice grandiose dans le goût du XVIIIe siècle. La dissolution de l'ordre intervient alors que les travaux de reconstruction sont bien avancés mais loin d'être terminés. Ordonnée par le Pape en 1772, elle doit encore être enregistrée par les autorités françaises mais le dernier abbé engage un combat juridique acharné pour empêcher la dissolution. Ce n'est qu'en 1784 qu'il doit s’incliner, mais il obtient que la prise d'effet soit retardée jusqu'à son décès, qui se produit le 11 avril 1787. À partir de novembre 1788 tout ce qui était vendable fut dispersé. Seul le caractère sacré des multiples reliques et des châsses qui les protégeaient les sauva de la ruine. L'ensemble des bâtiments resta à l'abandon pendant la Révolution, divers projets portés par les habitants d'y installer une activité industrielle n'aboutirent pas. Ce n'est qu'en 1820 que la démolition complète des bâtiments paracheva la fin de l'ordre de Grandmont.

Accès: Accès uniquement par véhicules particuliers. Possibilité de parking sur place et sur terrain herbeux.

Abbaye de Grandmont ©Thomas Creissen, Eveha