Conférence

Conférence proposée par Donato Severo

Visite guidée de l’hôpital mémorial de Saint-Lô : un bien commun, une œuvre historique, un lieu civique, suivie d'une conférence proposée par Donato Severo

« L’hôpital mémorial France – Etats-Unis de Saint-Lô (1948-1956) incarne l’idée de bien commun et témoigne des valeurs citoyennes de la solidarité. C’est l’expression de l’architecture, des arts et de la culture scientifique et humaniste du XXe s.

Alors que la ville de Saint-Lô est entièrement détruite et que la présence des cimetières commémorant les événements marque profondément l’urbanisme de la Reconstruction, l’Hôpital France – Etats-Unis est l’image d’un lieu de vie.

L’architecte franco-américain Paul Nelson a des idées nouvelles et ses propres théories : c’est une réflexion de plus de 20 ans qui aboutit à une nouvelle architecture dont l’homme est le centre. Paul Nelson unit la culture américaine moderne à une formation artistique et d’architecte reçue à Paris. Passionné de musique, attiré par la peinture, c’est dans l’architecture que Nelson trouve sa plénitude. Pour Nelson, l’architecture est le plus puissant facteur de bien être. L’Hôpital mémorial France-Etats-Unis - où le rythme et la couleur harmonisent un programme d’une parfaite rationalité - est son œuvre majeure.

La flexibilité du bâtiment est totale et se plie aux évolutions des techniques hospitalières grâce à sa façade-claustra. D’une rare élégance, elle permet aux malades de bénéficier de l’ensoleillement et de la vue vers un magnifique parc. Au confort s’ajoute l’intégration des arts plastiques, grâce à l’apport du grand peintre Fernand Léger. L’architecture et la polychromie - comme un projet de vie - accompagnent psychologiquement le malade pour lui insuffler l’optimisme.

Archétype de l’hôpital-bloc, intégration des arts visuels, rationalisme et modernisme, dans le contexte fortement symbolique de l’amitié franco-américaine, l’Hôpital mémorial de Saint-Lô est devenu un jalon incontournable de l’architecture du XXe s. Classé monument historique en 2008, il a entrepris la restauration des parties inscrites au titre des Monuments Historiques : les salles ovoïdes, la polychromie, les secondes œuvres et notamment la façade-claustra, qui est un des éléments le plus représentatif de la modernité architecturale du XXe s. La restauration de l’Hôpital mémorial est une tâche de grande envergure architecturale, technique et financière. Elle permettra d’adapter la richesse du patrimoine architectural à l’évolution future de l’hôpital et aux profondes mutations du monde de la santé. »

Donato SEVERO est architecte et historien. Il enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de-Seine et il est chercheur au Laboratoire EVCAU – Paris. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont : “Paul Nelson”, aux Editions du Patrimoine (2013) et “Paul Nelson et l’Hôpital de Saint-Lô. Humanisme, art et architecture”, Picard Editions, Paris, 2015.

A propos du lieu

715 rue Dunant, 50000 Saint-Lô, Manche, Normandie
  • Édifice hospitalier
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  • Monument historique

Au lendemain des bombardements du 6 juin 1944, la ville de Saint-Lô est détruite à près de 97 % et l'hôpital-hospice, comme la totalité des édifices publics, est en ruine. En juin 1945, le général Eisenhower propose au maire de la ville, Georges Lavalley, de participer à la construction d'un "petit mémorial" pour les soldats américains et les habitants de la région. C'est finalement pour aider à la reconstruction de l'hôpital que l'American Aid to France organise en 1946-47 une collecte de fonds privés aux Etats-Unis. Fin 1946, les ministères français de la Santé Publique, de l'Intérieur et de la Reconstruction donnent leur aval pour la réalisation de cet hôpital qui devait être le plus moderne d'Europe. Inauguré en 1956, le centre Hospitalier Mémorial est le prototype de l'hôpital socle-tour. Il se caractérise par une architecture fonctionnaliste et "humaniste" - modulaire, elle est avant tout fondée sur le bien-être des usagers - et par son bloc opératoire révolutionnaire. Fruit d’une étroite collaboration de l’architecte Paul Nelson avec le peintre Fernand Léger, il constitue un exemple de l’intégration des arts plastiques à l’architecture durant la Reconstruction. Sa structure, conçue pour s'adapter aux progrès techniques et à l'évolution des méthodes de prise en charge des patients, en a fait une référence pour l'architecture hospitalière de la seconde moitié du XXe s. Aujourd'hui encore le bâtiment évolue et se tourne vers l'avenir.

Centre hospitalier - Mémorial de Saint-Lô