Monuments et documents de l’Afrique ancienne

Séminaire

Détail de la « Carte de l’Océan Atlantique » produite par le cartographe dieppois Jean Guerard en 1631, source Galllica.bnf.fr, BNF, Cartes et plans, GE SH ARCH-14, « Carte [de l'Océan Atlantique] / faitte en Dieppe par Jean Guerard, 1631 »

Que tirer des registres fonciers du royaume merina ? (Madagascar, XIXe siècle)

Au XIXe siècle, le royaume d’Imerina apparaît comme un État particulièrement innovant en matière de contrôle administratif et d’enregistrement, notamment des ressources économiques. Plusieurs recherches ont déjà été menées sur le rôle de cet État dans les rapports marchands avec l’étranger, notamment sur l’organisation douanière. L’essentiel de la société, en Imerina même, était orienté vers la production agraire ; mais les historiens n’ont jusqu’à ce jour que très peu d’informations, en premier lieu sur l’importance de cette production elle-même, et en second lieu sur le rôle que jouaient les ressources agricoles dans les recettes de l’État. Il s’agira dans cette communication de présenter et d’expliquer comment comprendre les documents comptables (registres fonciers) issus des archives de la monarchie. Suite à ce préalable méthodologique, l’intervenant proposera quelques hypothèses sur l’activité agricole malgache au XIXe siècle, et le rôle qu’elle jouait dans la construction de l’appareil politique merina.

Intervenant
Samuel Sanchez (Institut des mondes africains, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

À la recherche des voix africaines dans les récits européens : la relation de voyage de Nicolas Villault de Bellefond et la légende de l’antériorité française en Afrique de l’Ouest (XVIIe siècle)

Dans la Relation des costes d’Afrique appelées Guinée parue en 1669, son auteur, le Français Nicolas Villault de Bellefond, rapporte les détails de son expédition en Afrique de l’Ouest, en 1666-1667, à bord du navire l’Europe, « soubz la Commission de la Compagnie des Indes occidentales de France ». À la fin de l’ouvrage, un chapitre d’une trentaine de pages explique que les Normands auraient dépassé le cap Bojador dès 1364, soit près de soixante-dix ans avant les Portugais. Au XIXe siècle, ces assertions sont reprises et déclarées véridiques par des intellectuels français pour légitimer les prétentions coloniales françaises en Afrique de l’Ouest. Ce n’est que dans la première moitié du XXe siècle, grâce aux travaux de Charles de La Roncière et de Raymond Mauny, que cette histoire est définitivement considérée comme une légende élaborée au XVIIe siècle pour le compte de Colbert. Les recherches présentées ici proposeront une autre hypothèse, prenant en compte la part des populations de la région dans la création de cette histoire.

Intervenant
Matthieu Provençalle (GRHis, université de Rouen)

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À propos du séminaire : Monuments et documents de l’Afrique ancienne : recherches en cours en histoire, histoire de l’art et archéologie

Ce séminaire teste et confronte hypothèses et méthodes pour montrer comment les sciences humaines écrivent aujourd’hui le passé de l’Afrique. L’objectif est de présenter et discuter les recherches en cours sur l’Afrique ancienne, entendue dans un sens très large de la préhistoire jusqu’au précontemporain, prenant en compte aussi bien les régions au sud du Sahara que celles qui sont au nord. Il s’agit, non seulement, d’établir une veille sur les tendances actuelles de la recherche, mais surtout de voir comment celle-ci peut se faire en situation de pénurie documentaire. Ce séminaire permet aussi de mobiliser et de rassembler les recherches sur l’Afrique précontemporaine, pour créer un lieu d’échanges et dynamiser le champ.

En partenariat avec le CNRS (laboratoires Institut des mondes africains, Orient et Méditerranée, Institut d’étude et de recherche sur le monde arabe et musulman)

Comité scientifique
Claire Bosc-Tiessé (INHA), Amélie Chekroun (CNRS), Marie-Laure Derat (CNRS), Anaïs Wion (CNRS)

Domaine de recherche
Histoire de l’art du XIVe au XIXe siècle

A propos du lieu