Lise Haller Baggesen « ChromAmour : une métamorphose »
Curatée par Kathy Alliou, « ChromAmour : une métamorphose » est la deuxième exposition personnelle en France de Lise Haller Baggesen après « Apocalypstick » au Confort Moderne à Poitiers en 2023. Le titre de l’exposition « ChromAmour » appelle à la fin d’une chromophobie collective, d’un rejet permanent de la couleur, pour imaginer de nouveaux futurs communs. L’artiste nous invite à changer notre perception du monde pour nous amener à percevoir les « choses telles qu’elles pourraient être » plutôt que de se limiter à ce qu’elles sont. « Nous en avons assez d’être malades, nous sommes fatigué.e.s d’être fatigué.e.s, nous avons soif du contact humain, du geste peint, du tactile plutôt que du numérique. Nous sommes prêts à ce que la couleur revienne sur nos joues et dans nos rues ».
L’artiste s’inspire de la pensée du philosophe Emanuele Coccia qui suggère que tout vivant est en soi une pluralité de formes - une idée développée dans son essai Métamorphose, édition Rivages 2020.
Les œuvres présentées puisent leur origine en 2020, durant la pandémie : Lise Haller Baggesen, confinée dans son atelier à Chicago (où elle vit depuis une quinzaine d’années), imagine des scénarios spéculatifs de mondes nouveaux. Elle utilise les matériaux à sa disposition : des vêtements et des tissus par la suite trouvés dans des friperies, et de la peinture. De ces premiers essais résultera un corpus d’œuvres textiles aux couleurs vibrantes mêlant parfois la peinture aux motifs des tissus. Ces œuvres sont portables et sont performatives au sens où elles sont susceptibles de faire l’objet de différents agencements, d’évoluer.
Dans l’exposition « Apocalypstick » (Confort Moderne, 2023), l’artiste posait déjà les prémisses pour des mondes nouveaux, revendiquant une nécessaire frivolité, même en temps d’apocalypse. À travers divers médiums (sculptures, installations, sons), elle élaborait à grande échelle un véritable paysage presque habité incarnant les possibles manières d’accueillir les mondes à venir : des robes de débutantes de couleur et aux formes bariolées auxquelles répondaient des slogans pop encapsulés dans des tableaux. Elle proposait une nouvelle manière de penser la place politique et sociale, d’ouvrir à toutes et tous les stéréotypes attribués au genre féminin dans un paysage réunissant les forces et les éléments naturels.