Rends-moi mon argent, coquin… (Acte IV, scène 7)

Harpagon impose à ses enfants et ses domestiques une austérité qui tourne au cauchemar. Son avarice semble sans limite. Emmuré dans une solitude effroyable, il veille sur ses économies comme sur sa vie, jour et nuit. L’avarice traduit ici une angoisse de l’avenir et de la mort. Dans la maison, tous donnent le change, l’hypocrisie et le mensonge règnent en maîtres mais tous, loin de se soumettre, contestent un ordre en pleine décomposition.

Olivier Lopez adapte L’Avare de Molière, en s’intéressant tout particulièrement aux conflits intergénérationnels de cette fable sociale sur l’ordre patriarcal, qui dénonce sa cruauté et le déni des aspirations de la jeunesse. Avec ses comédiens complices de longue date, il mène ici un travail d’expérimentation entre théâtre et cinéma. La caméra lui permet d’explorer les recoins du plateau, où les personnages peuvent se rencontrer ou se cacher et jouer certaines scènes dans un registre plus sensible, quand derrière la farce, les êtres se dépouillent et laissent entrevoir un abîme de vulnérabilité. Une façon de traduire toute la force comique, la folie et la profondeur dramatique de ce grand texte qui parle du temps qui passe et se moque de ceux qui croient pouvoir lui échapper.

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