Circuit de visite historique à travers les ruelles de Saint-Pons : sur les traces d'un village perché et de ses monuments emblématiques
UN CIRCUIT DE VISITE DU VILLAGE :
- Le Planas (Place de l'Église).
À une altitude de 135 mètres, cette place est située directement sur un banc de rocher calcaire datant du Crétacé à faciès urgonien, qui constitue la base du village et lui donne son nom (la calm ou la camp = plateau calcaire aride).
À remarquer :
- La fontaine ornée de la statue du Saint éponyme : Pontius, un soldat romain martyrisé à Cimiez près de Nice en 258.
- Le monument aux morts érigé en 1922 en mémoire des 17 Saint-Ponais tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale.
- Le château (Presbytère).
Le château, également connu sous le nom de Presbytère, constitue le seul vestige visible de l'enceinte fortifiée, appelée le barry, qui abritait jadis le vieux village. Le rempart primitif, datant probablement du XIIe siècle, fut restauré pendant la guerre de Cent Ans afin de protéger la population des incursions des routiers des grandes compagnies et des ravages des épidémies. Le village a néanmoins été envahi et pillé à deux reprises : en 1382 lors de la révolte des Tuchins, puis en 1587 par les troupes corses du colonel d'Ornano, alors au service de la Ligue.
La date exacte de la destruction du rempart demeure incertaine ; il est probable que les pierres ont été progressivement enlevées pour être réutilisées dans la reconstruction des maisons d'habitation. La rue de la Tournelle, située à proximité du château, tire son nom de la tour d'angle sud-ouest qui s'élevait à cet endroit et dont les vestiges ont subsisté jusqu'en 1830. Quelques débris de murs sont encore visibles dans les caves des maisons environnantes.
Depuis la croisade des albigeois, la place et la seigneurie de Saint-Pons appartenaient à l'évêque d'Uzès. De 1546 à 1606 elles passèrent à Honoré Le Chantre, ancien médecin de la reine de Navarre, qui devient ainsi propriétaire du château. Ses descendants le cédèrent en 1722 à la communauté de Saint-Pons.
Le château qui a servi de presbytère jusqu'en 1985 est souvent aujourd'hui encore désigné sous cette appellation. Ses salles sont réservées aux associations.
- L'église :
L'édifice actuel a été construit en 1866 sur le tracé de la vieille église qui datait du XIIe siècle. Œuvre de l'architecte Bègue d'Uzès, comme la plupart des églises contemporaines des environs, celle de Saint-Pons se distingue au loin par sa situation élevée et ses proportions harmonieuses. L'intérieur a été restauré entre 1987 et 1992.
- La placette :
Véritable cœur de l'ancien village.
D'après la tradition orale, c'est du balcon surmontant le portail arrière du château que se faisaient les annonces publiques, le dimanche après la messe, pour tous les évènements régissant la vie de la communauté villageoise : collecte des impôts, adjudication du four communal, vente des feuilles des mûriers, garde des vignes, aglanage des porcs… La rue d'En-Viel qui suit rappelle par son nom l'ancienneté du lieu.
- Place de la Pintoune :
Prendre une pintoune, c'est prendre une pintée, autrement dit boire un bon coup. L'origine de cette dénomination évocatrice n'est pas connue.
Le tracé de la place correspond à celui de l'ancien cimetière où jusqu'en 1876 ont été inhumés les morts du village.
- La grande fontaine :
La date de 1784 gravée dans la pierre est celle de la reconstruction de la fontaine. Celle-ci reçoit par gravité l'eau qui sourd du sol à quelque 1100 m de là au lieu-dit la Boulidouïre. Dans les archives communales, on trouve la trace, en 1406 déjà, d'un projet de construction d'une conduite en bois pour amener cette eau au village. Les abreuvoirs étaient destinés aux animaux de trait, mules ou chevaux, et aux troupeaux de moutons jadis nombreux au village et dont un subsistait encore au début des années 1980. Le trop-plein des abreuvoirs se déverse dans les trois bassins du lavoir ; l'eau est ensuite récupérée pour l'arrosage des jardins situés en aval.
- Rue du porche et rue des remparts :
De la Grande-Fontaine revenir en arrière pour emprunter le passage voûté de la rue du Porche.
A l'entrée de cette rue se trouvait autrefois l'une des deux portes du village, la Postelle, qu'empruntaient les troupeaux pour se rendre à l'abreuvoir ou au pâturage. Une ruelle perpendiculaire donnait accès au four communal qui a fonctionné à cet endroit jusqu'en 1871. Elle se prolongeait vers la gauche par une petite rue couverte, l'Endrounette, dont l'entrée voûtée est encore visible dans le renfoncement du mur. Une boucherie occupait la maison située sous la voûte au coin de la rue à droite.
Gagner la rue des Remparts.
En sortant de la voûte, on trouve à gauche les ruines de la maison Court où se tenait l'ancien presbytère, la Clastre. Devenue la « maison de ville » à la fin du XVIIe siècle, elle abrita par la suite la première école du village.
Les deux maisons qui font face sont parmi les plus belles de la commune. Leur construction remonte sans doute à la fin du XVIe siècle, c'est-à-dire postérieurement à la destruction du village par les troupes de la Ligue en 1587.
Celle de gauche (maison Equeter) se distingue extérieurement par sa tour d'angle qui abrite un escalier. Les poteries insérées dans le mur de façade servaient de nichoirs pour attirer des oiseaux destinés au régal des propriétaires. Le mur du fond, côté église, où l'on relève la trace d'une ancienne ouverture voûtée et d'une meurtrière, pourrait être le reste d'un rempart primitif contemporain de la construction de la première église (XIe-XIIe siècle).
La maison de droite (maison Thévenon) avec sa porte cintrée et ses fenêtres à meneaux était encore récemment appelée couramment « le château ». Dans la deuxième partie du XVIIe siècle, elle était la résidence d'un notable de Saint-Pons, Dominique d'Arènes, seigneur de Ribas et co-seigneur de Laudun. Antoine d'Arènes, vraisemblablement fils du précédent, a joué par la suite un rôle dans le règlement des affaires de la Communauté. L'inscription Ribasse est gravée sur une pierre enchâssée dans le mur de droite de la grande salle du premier étage. Selon la légende, la tour carrée du deuxième étage aurait été élevée pour permettre au propriétaire de surveiller ses terres.
- Place du Revelin :
Un ravelin ou rèvelin est un ouvrage de fortification destiné à protéger la porte d'une enceinte fortifiée ; par extension, cette appellation désigne souvent la porte elle-même. La rue actuelle était barrée par la muraille qui formait à cet endroit un décrochement abritant la porte principale du vieux village, laquelle était par conséquent tournée vers l'est. La place qui lui doit son nom comportait autrefois une boulangerie et un café. Une croix s'y dressait déjà en 1783 ; celle qui s'y trouve aujourd'hui a été érigée en 1936.
- Rue de la Magnanerie :
Le nom de cette rue rappelle que pendant longtemps la culture du vers à soie a été pratiquée au village, comme en témoignent les mûriers qui subsistent dans les cours, les jardins et les rues.
Le mas qui forme le côté gauche du premier tronçon de la rue est l'ancienne ferme du seigneur de Saint-Pons ; il y a quelques dizaines d'années, elle servait encore de bergerie. Mme Vincent-Furic y a installé son atelier de peintre.
Le bâtiment principal de l'ancienne filature borde la deuxième partie de la rue. L'entreprise, fondée et exploitée par la famille Vignal, récoltait les cocons élevés dans les magnaneries des environs pour travailler la soie naturelle. Elle a fonctionné de 1840 à 1884 et employait une trentaine de fileuses. L'installation transformée par la suite en simple étouffoir de cocons subsistera jusqu'à l'entre-deux-guerres. La cheminée de la chaudière à vapeur qui fournissait l'énergie nécessaire a dû être abattue en 1981.
Faire demi-tour et gagner la rue du Levant en passant sous la voûte.
- Rue du Levant :
La rue est remarquable par le panorama unique qu'elle offre au visiteur :
- à l'extrême droite, par delà les bâtiments de la filature reconvertie en exploitation agricole, la colline de l'oppidum de Gaujac et la vallée de la Veyre ;
- au-dessus de la colline des Costes cachant le bourg de Connaux, dont seul le clocher émerge, le Castellas de Saint-Victor-la-Coste se profile sur le ciel ;
- puis la vallée de la Tave et, du plus près au plus loin, les usines de l'Ardoise, le hameau de Palus, les restes du donjon de Châteauneuf-du-Pape, le plateau de Vaucluse qui ferme l'horizon ;
- plus à gauche, le village de Tresques avec en arrière-plan le plateau du Camp de César et le Ventoux ;
- dans la trouée de Bagnols-sur-Cèze, le château de Gicon ; au loin, la montagne de la Lance et les hauteurs du Diois ;
- enfin, à l'extrême gauche, les collines boisées de Boussargues.
- La cour du roy :
Dans l'ancien cadastre, le compois, la partie non couverte des propriétés bâties, était désignée sous le nom de cour.
La plus grande partie des terres de Saint-Pons relevaient de l'évêque d'Uzès, auquel la communauté versait chaque année une redevance de 150 livres. En revanche, certains quartiers acquis ultérieurement relevaient de la mouvance du roi ; à ce titre, la communauté rendait hommage et payait une redevance à la baronnie de Bagnols. Inversement, le viguier de Bagnols versait au village des redevances pour les terres roturières appartenant au roi.
C'était sans doute le cas d'une propriété qui se trouvait à cet endroit.
- Place de la Pompette :
La place doit son nom à la pompe à eau installée en cet endroit en 1885. Cette fontaine recevait l'eau du reposoir d'eau situé au point culminant du village, lui-même alimenté par la source de Pont-Roux. Elle a disparu en 1962 après que les maisons particulières ont été reliées au réseau de distribution d'eau.