« Le Tour des ponts » : balade patrimoniale accompagnée
Plongez dans l'histoire fascinante de ce petit village commingeois et explorez les événements clés qui l'ont façonné. Cette balade de 1,2 km, ponctuée d'anecdotes captivantes, vous mènera à la découverte du patrimoine bâti et culturel, en associant les différentes périodes historiques qui ont forgé l'identité de ce vieux village commingeois, autrefois ville principale d'une des enclaves du Nebouzan.
Histoire religieuse :
De l'ancien prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Pessan dans le Gers, seule l'église Notre-Dame (vocable : Nativité de la Vierge) subsiste aujourd'hui. Cette église, confiée aux moines dès le XIe siècle, est un imposant édifice de style roman primitif, doté d'un chevet plat où se trouve une fenêtre géminée et un authentique oculus du XIe siècle. Classée ISMH depuis 1926, elle est surmontée d'un magnifique clocher-tour octogonal de style toulousain du XIVe siècle. Bien que l'église et le prieuré aient décliné à partir de 1473 avec le départ des moines, l'intérieur de l'église a été entièrement réaménagé à partir de 1850 lors de différentes missions prêchées par les pères capucins. On y découvre notamment une tribune, une chaire en pierre de Séglan, des ouvertures et vitraux, ainsi que le chœur réaménagé.
Histoire médiévale :
L'histoire du château médiéval et de la famille des d'Aulon est étroitement liée à celle du prieuré et de l'église Notre-Dame. Ce château, davantage un manoir qu'un château-fort, a abrité des templiers au XIIIe siècle, jouant un rôle important dans les litiges entre le royaume de France et le royaume d'Aragon pour le Val d'Aran. À partir de 1312, le château est abandonné et une branche des d'Aulon se joint à la famille des Armagnacs, toute proche. C'est de cette branche familiale que naîtra Jehan d'Aulon, le fidèle serviteur de Charles VII et l'intendant dévoué de Jeanne d'Arc jusqu'à sa mort sur le bûcher. Aujourd'hui, seuls les vestiges du donjon subsistent, arborant un écusson en hommage à Jehan d'Aulon. La période suivante fut agitée pour le village, avec des changements d'allégeance environ tous les 50 ans, en fonction des alliances et des mariages. Le village fut même la ville principale d'une des cinq enclaves du Nebouzan au XIIIe siècle, et par conséquent, a appartenu à la famille de Foix-Béarn, notamment à Gaston Phoebus.
Épopée pétrolière dans le Comminges avec l'exploitation du gaz de Saint-Marcet :
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, grâce à l'intuition géniale de géologues et à une forte volonté politique, le 14 juillet 1939, le premier gisement de gaz français est découvert sur les territoires de Latoue, Saint-Marcet et Aulon. Malgré le déclenchement de la guerre, la décision est prise d'exploiter ce gisement de gaz, qui produira jusqu'à la fin des années 1990. Cette découverte a profondément transformé la vie des habitants de cette région rurale. Des paysans sont devenus des pétroliers, des alsaciens sont venus former les équipes et de nombreux jeunes fuyant le STO et les Républicains espagnols fuyant le franquisme ont fourni la main-d'œuvre. La société « La RAP » (Régie Autonome des Pétroles) a été créée pour exploiter et gérer cette découverte. Un petit village de pétroliers est sorti de terre au lieu-dit du Pinat, et une petite raffinerie a été construite pour le traitement du gaz à Peyrouzet (aujourd'hui friche industrielle). Le développement de ce gisement de gaz a donné naissance à de nombreuses entreprises qui se sont ensuite implantées dans le monde entier. La RAP, après son déménagement à Boussens, est devenue ELF, puis ELF-Aquitaine, absorbée plus tard par TOTAL dans les années 2000. À partir de la RAP, la SNPA (Pétroles d'Aquitaine) a été créée, permettant l'exploitation du gisement de gaz de Lacq. Boussens est devenu la base logistique du développement du pétrole saharien. Pendant la visite, ne manquez pas de rendre hommage aux 4 résistants de la RAP tués par les Allemands lors de « l'accrochage de Mengué » le 8 juin 1944, en passant devant une stèle commémorative à Mengué. Ayons également une pensée pour Pierre Angot, le premier directeur de la RAP, décédé en déportation à Buchenwald pour avoir refusé de collaborer avec l'ennemi.
Au centre du village, vous découvrirez une fontaine du XVIe siècle associée à un lavoir du XIXe siècle. En 1842, un sculpteur de la région, fervent admirateur de Napoléon, a décoré la fontaine. Le tableau sculpté illustre l'imagerie populaire de l'époque et témoigne de la nostalgie du sculpteur, représentant l'empereur Napoléon montant la garde aux côtés de 10 animaux exotiques. Un entablement surmonte la fontaine, dans lequel est niché le buste d'une « belle Dame » à la manière d'une Marianne.
Vous trouverez également quelques façades d'anciennes maisons de notables datant du XIXe siècle, très intéressantes à observer. Deux des trois anciens moulins du XVIIe siècle ont été restaurés et se trouvent le long de la Noue.
En parcourant les coteaux, ne manquez pas le quartier de Lucet et de Layrisse, où l'on peut apercevoir des traces de présence romaine, et peut-être une ancienne motte féodale. Autrefois, une église dédiée à saint Lizier se dressait dans cette région, mais elle a aujourd'hui disparu, laissant peu de traces historiques.
À 4 km d'Aulon, se trouve le petit hameau de Mengué, avec son église et sa source « miraculeuse » de saint Antoine l'Ermite. Saint Antoine l'Ermite est toujours vénéré chaque année le 17 janvier, après plusieurs siècles de dévotion.
Ces découvertes vous permettront d'explorer les multiples facettes de ce village commingeois et de plonger dans son riche passé historique.