Maison Michel Veyrenc
Entre la famille des Taulignan au Moyen Âge qui donna à Jeanne d'Arc son écuyer, ou peut-être le Seigneur d’UCEL qui suivi des Montlaur et la haute noblesse autrichienne qui vendit en 1869 la maison à des commerçants, cette maison fut la demeure d'une famille bourgeoise influente à qui l'on doit l'essentiel des bâtis actuels et notamment l'exceptionnel escalier à jour suspendu des XVIIe et XVIIIe siècles qui peut être visité.
Partagée, la propriété tomba ensuite dans la misère.
C'est en 1970 qu'un charpentier, Maurice Prinsard, tombé amoureux de l'escalier, acquit la part essentielle de cet immeuble et engagea sa restauration. Conseillé par l'abbé Charray et sous le contrôle des monuments historiques, il obtint en 1978 le prix national "Chef d’œuvre en péril".
Les bâtis
Après avoir franchi la vieille porte d'entrée du XVIIIe, 8 rue Jourdan, la visite de la maison permet aujourd'hui d'admirer l'escalier et de comprendre ce qui fait un bon escalier, mais aussi d'observer des traces archéologiques soulignant combien une vieille demeure résiste et passe à travers les outrages du temps...
On remarquera l'ancienne cuisine transformée, on la croirait saccagée pour permettre la construction de l'escalier.
On pourra aussi observer les restes du Château-vieux : des ouvertures romanes murées, un élément gothique, peut-être une ancienne halle ouverte transformée plus tard en entrepôt fermé.
On lira dans le Théâtre d’agriculture et le mesnage des champs d’Olivier de Serres l’usage des citernes d’eau de pluie…
Thèmes
Quels « citoyens » ont vécus dans cette demeure ?
On rappelera les "châteaux de ville" d'Aubenas, châteaux des Géorand, Tauligan et Mongros, seigneurs des plateaux du Vivarais, par opposition au "Château-neuf" de la famille suzeraine des Montlaur.
Puis il faudra évoquer les "martyrs d'Aubenas", mort pour rester fidèles à leur conscience, martyrs catholiques des guerres de religion en France qui avaient été accueillis dans cette maison de novembre 1592 à février 1593. On soulignera l'originalité de cette reconnaissance.
La révolte de Roure est passée par là en 1670 : dans la maison, il y aura de nombreux morts et d'importants dégâts. C'est sans doute cet événement douloureux qui obligea plus tard le transfert de la cuisine ailleurs et la construction d’un nouvel escalier... Ce travail fut confié à Louis Laidier par François-Louis Batthélémy père, avocat.
En 1789, François-Louis Barthélémy fils, propriétaire, est le premier consul d'Aubenas, peu avant, il eût à se battre avec Cerice de Vogüé – qui est pourtant proche des idées des Lumières – pour faire respecter les libertés de la ville.
Par association d’idées, on débordera sur les bourgeoisies d’Aubenas : elles gèrent la ville depuis 1250, deviennent de robe du XVIe au XVIIIe, d’industrie du XVIIIe au XIXe.
En marge, l’exposition sur un enfant de cette bourgeoisie, "Un albenassien dans l’histoire du Japon", sera proposée en visite libre. On y découvrira comment Léonce Verny fut le pionnier du Japon moderne en réalisant un des premiers grands transferts de technologie de l’Histoire, transfert qui eut une grande influence sur l'organisation sociale du Pays soleil levant.
Enfin, on sera surpris de voir cette demeure tomber dans les propriétés de la haute noblesse autrichienne qui s’en sépara à vil prix… La maison alla ensuite vers sa ruine et fut sauvée dans les années 70 par un charpentier, Maurice Prinsard, qui obtint le prix "Chef d’œuvre en péril".
Aujourd'hui, le relais a été pris par Sabine et Alain Chevalier en 2011. Ils poursuivent la remise en état, maintiennent les bâtiments et en recherche l'histoire. Ils proposent un service de chambre d'hôtes tourné vers la découverte de l'histoire et du patrimoine d'Aubenas.
Être citoyen, n'est-ce pas vivre dans la cité ?