Église Saint-André
Place de l'Église, 18130 Jussy-Champagne
L’église, construite à l’époque romane au début du XIIe siècle, est dédiée à saint André. Elle subit des mutilations graves au moment des Guerres de religions. Elle a par contre très peu souffert de la Révolution. Son histoire récente est marquée par deux prêtres qui se sont succédé presque durant tout le XIXe siècle : l’abbé Goumet (1758-1837) qui laissa plus de 5 000 pages manuscrites et l’abbé Regnault (1817-1892) dont le ministère dura plus de cinquante ans et qui entreprit de grands travaux.
L’église est surtout remarquable pour sa façade qui illustre de nombreux ouvrages sur l’architecture romane en Berry et qui ne manque pas d’interpeler les visiteurs. Elle se compose de trois étages : le premier est constitué d’un profond portail et de deux arcades aveugles, une disposition caractéristique de l’école du Sud-Ouest que l’on retrouve dans plus d’une vingtaine d’églises principalement dans le sud est du Berry. Les chapiteaux sont classiques de cette époque : animaux, palmettes, feuilles d’eau, etc. Le deuxième niveau avec une série de six colonnes et cinq petits sujets sculptés, a un caractère fort rare et témoignent très probablement d’une inspiration saintongeaise. Les sculptures sont parfois endommagées mais on reconnaît le Christ au milieu et saint Pierre à droite. Les colonnes devaient être surmontées par des cintres qui ont disparus. Le troisième étage est constitué d’une croix avec au milieu, l’agneau pascal surmonté d’une croix, agenouillé, la tête à droite et retournée comme à Avord et Vornay, villages très proches de Jussy.
L’église a été agrandie une première fois au XVe siècle par Jehan de Gamaches (1450-1514), alors propriétaire du château, qui fit construire une chapelle au sud. Cette chapelle éclairée par une large baie gothique possède un devant d’autel de la fin du XVe siècle classé MH et sculpté en haut relief qui évoque les trois scènes de la Passion du Christ. Dans cette chapelle ont pris place une statue équestre représentant Saint George terrassant le dragon, de la fin du XVIe siècle, classée MH et une imposante statue de Saint Denis, inscrite à l’inventaire supplémentaire, datée du XVIe siècle. En 1844, l’abbé Regnault rassembla dans cette chapelle les pierres tombales éparses qui se trouvaient dans l’église. Il donna à l’église son apparence définitive en lançant de grands travaux. Ainsi, une seconde chapelle sera construite au nord en 1842. Elle accueille un magnifique maître autel de la fin du XVe siècle, classé MH, représentant le Christ entouré des apôtres. Une statue équestre de Saint Martin, datée de la fin du XVIe, classée MH, a pris place dans cette chapelle. L’abbé Regnault fit également abattre la minuscule sacristie existante pour faire construire l’actuelle sacristie inaugurée en 1845.
Les chapelles latérales déjà évoquées accueillent, au dessus des autels, deux grandes compositions qui comprennent chacune deux peintures à l’huile sur toile. L’une représente la Vierge de l’Assomption, l’autre le Sacré-Cœur. A leurs parties inférieures, des peintures représentent respectivement la famille de Philippe de Bengy et les trois sœurs du pensionnat avec leurs élèves. Ces tableaux sont signés « GUITTON »
L’intérêt de cette petite église, c’est aussi la grande quantité de vêtements liturgiques en excellent état de conservation qui se trouve dans la sacristie : des chapes et des chasubles dont certaines sont inscrites à l’inventaire supplémentaire, des manipules, des étoles, des voiles de calice, etc. Au total, plus de deux cents pièces ont été répertoriées dont certaines sont présentées au cours d’expositions temporaires en juin et septembre organisées par l’association locale « les amis de saint André ». Compte tenu de ses activités, cette jeune association vient d'être reconnue "organisme d'intérêt général" par la direction des finances publiques.
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Édifice religieux, Monument historique
Bernard Ducateau