L’objet réflexif (1500-1900). Une théorie matérialisée 2/3
Cette session souhaite placer au centre de ses analyses des artefacts réalisés entre 1500 et 1900 – qu’ils soient peintures, sculptures, objets décoratifs, monuments ou encore ensembles architecturaux – qui portent dans leur matérialité même ou dans les dispositifs de leur mise en exposition (cadre, support, piédestal, etc.) une réflexion théorique sur leur propre médium. Il importera en somme ici de comprendre comment les matériaux inhérents à l’œuvre d’art peuvent devenir les vecteurs d’une posture réflexive développée par leurs créateurs ou leurs récepteurs. L’attention tournée spécifiquement sur des objets créés entre les XVIe et XIXe siècles permettra de décloisonner le champ de l’histoire de l’art moderne, longtemps focalisé sur l’image de l’œuvre à la défaveur de ses dimensions matérielles, tout en élargissant une pensée dernièrement initiée dans la littérature scientifique se focalisant surtout sur les XIXe et XXe siècles (entre autres Kuhn 2020 ; Peselmann 2020 ; Rhatz 2021). Il s’agira pour ce faire de mettre à profit les recherches qui ont abordé la matérialité de l’objet d’art comme un signifiant (Raff 2008 [1994] ; Wagner 2001 ; Lehmann 2013) et comme un médiateur nécessitant à la fois une théorie (Lehmann 2015) et une étude circonstanciée de ses narratifs stratifiés (Biro/Étienne 2022). Les questions qui nous intéresseront toucheront, sans toutefois s’y limiter, aux points suivants : Quelles sont les diverses modalités qui gouvernent la traduction matérielle d’une position théorique à composante réflexive ? Quel lien peut-on établir entre le contexte géographique de création et les matériaux sélectionnés ? Sur quelles sources peut-on compter pour reconstruire ces processus ? Comment ces objets réflexifs étaient-ils théorisés à leur époque et comment le sont-ils aujourd’hui ?
En plus d’aborder la conception, la réception et la catégorisation des objets considérés, ce panel sera l’occasion de questionner leur faculté à mettre en perspective notre approche de la discipline en proposant une histoire alternative de l’art à travers son objet d’étude.