Epistémologie des sciences de la nature CULT-PDR-24
Durée de la formation : 24 heures réparties sur 8 matinée de janvier à avril 2019
L’objectif de la formation est triple :
1°) Acquérir la maîtrise d’un ensemble de thèmes, problèmes, thèses, arguments et concepts qui jouent un rôle structurant dans les débats épistémologiques contemporains :
la charge théorique de l’observation ; le sens et la référence des termes théoriques ; la question du réalisme scientifique ; la question de la nature du progrès scientifique (cumulatif vs non cumulatif) ; La thèse du holisme de la confirmation/réfutation (thèse de Quine-Duhem) et de la sous-détermination des théories par l’expérience ; Les critères de scientificité ; La méthodologie falsificationniste (Popper) et le débat Kuhn-Popper ; La méthodologie des « expériences cruciales » ; Le problème de l’induction ; La question du relativisme.
À cette fin, le cours s’appuie sur l’une des contributions majeures en épistémologie, La structure des révolutions scientifiques (1962) de Thomas Kuhn. L’intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu’il renouvelle les questions traditionnelles mentionnées plus haut à l’aide des outils conceptuels forgés par Kuhn. Il en résulte une conception hétérodoxe de la pratique scientifique et du progrès scientifique, en rupture avec leurs représentations idéalisées, naïves aussi bien que philosophiques.
2°) Le cours vise donc aussi à introduire aux concepts et thèses centraux de l’épistémologie de Thomas Kuhn :
paradigme scientifique (généralisations symboliques, modèle métaphysique, normes et valeurs, exemples) ; science normale ; anomalies ; crise scientifique ; science révolutionnaire ; thèse de l’incommensurabilité des paradigmes (observationnelle, sémantique, méthodologique).
3°) Enfin, bien que l’histoire des sciences ne soit pas ici prise comme objet, le cours fournit un « cas d’école », c’est-à-dire un exemple concret tiré de l’histoire des sciences (notamment astronomie, mécanique, optique), pour chaque concept, thèse ou problème introduit, qui permette de mieux le comprendre et aussi de le tester. L’étudiant est ainsi invité à se constituer une banque d’exemples aussi détaillés que possibles, empruntés au cours ou tirés de sa propre connaissance de l’histoire des sciences, sur lesquels il doit pouvoir appuyer son propre discours au terme de cet enseignement.
Description de la formation :
Le cours consiste en une lecture critique de l’une des contributions majeures en épistémologie : La structure des révolutions scientifiques (1962) de Thomas S. Kuhn. Kuhn rompt avec l’image d’Épinal du progrès scientifique, en décrivant l’histoire des sciences comme un processus discontinu où alternent des phases longues de science normale, dominées par le monopole d’un paradigme, et des phases brèves mais anarchiques de science révolutionnaire, qui voient s’affronter des théories incommensurables entre elles. Il s’agira de comprendre les concepts clés, souvent galvaudés, de l’épistémologie kuhnienne (paradigme, science normale, science révolutionnaire, incommensurabilité) mais aussi d’en discuter les thèses les plus controversées, notamment la fameuse thèse de l’incommensurabilité des paradigmes, en les confrontant à des exemples tirés de l’histoire des sciences. Le cours se veut également une introduction à l’épistémologie générale des sciences de la nature, dans la mesure où l’œuvre de Kuhn est agitée par un ensemble de problèmes, nouveaux ou plus traditionnels, qui alimentent les débats contemporains : les rapports entre théorie et expérience (confirmation, falsification, sous-détermination, immunisation), changement théorique et changement conceptuel, la recherche d’un critère de scientificité et de critères de choix théorique, et enfin la question du réalisme scientifique.