ÔTSU-E - Peintures populaires du Japon

Découverte, à travers plus de cent vingt oeuvres et documents, d'un art populaire méconnu qui se développa près de Kyôto entre le XVIIe et le XIXe siècle.

Démon jouant du luth, XVIIIe siècle, peinture d’Ôtsu collection particulière, dépôt à l’Ôtsu City Museum of History / création graphique : Brice Tourneux

Les Ôtsu-e ou « images d’Ôtsu » sont des peintures exécutées au pochoir, qui connurent une grande popularité tout au long de l’époque d’Edo, du début du XVIIe au milieu du XIXe siècle. Elles étaient vendues aux voyageurs et aux pèlerins qui empruntaient la route du Tôkaidô reliant Kyôto à Edo (aujourd’hui Tokyo), et dont la ville d’Ôtsu en est le premier relais.

Les thèmes de ces peintures — au nombre d’environ cent vingt — furent d’abord religieux, avant d’évoluer vers des contenus satiriques ou moraux. Le répertoire le plus connu est composé d’une dizaine de sujets — comme le démon travesti en moine ou la jeune fille à la glycine — auxquels furent attribuées des vertus protectrices.

De nombreux artistes du XIXe siècle, en particulier de l’école ukiyo-e, comme Kuniyoshi ou Kawanabe Kyôsai, furent fascinés par cette imagerie et s’en inspirèrent, produisant des versions parodiques qui prolongent leur esprit humoristique. Ce n’est que dans les années 1920, sous l’impulsion du mouvement pour les arts populaires (mingei), que ces images d’Ôtsu furent redécouvertes, étudiées et miraculeusement préservées par le penseur Yanagi Muneyoshi (1889-1961). Les plus belles pièces de cette collection unique au monde, conservées au Japan Folk Crafts Museum, le musée qu’il fonda à Tokyo en 1936, sont montrées dans l’exposition.

Les images d’Ôtsu sont loin de connaître en Occident la même renommée que les estampes ukiyo-e, qui leur sont contemporaines. Quelques précurseurs s’y intéressèrent néanmoins, comme l’anthropologue André Leroi-Gourhan ou des artistes, tels le sculpteur catalan Eudald Serra, Miró ou Picasso, dont plusieurs oeuvres de leurs collections personnelles sont exposées. La simplification des formes, la liberté graphique, la naïveté et l’esprit humoristique de ces peintures entrèrent en effet en résonance avec certaines formes d’art d’avant-garde au XXe siècle.

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