Agathe Astic est Rose Néon.

Un nom extravagant et délicat, à l'image de cette artiste gracieuse et fantasque, qui a choisi l'association de la photographie et de la poésie pour exprimer sa sensibilité toute singulière. Mariage des contrastes, complémentarité des antipodes, fugacité d'un instant éternel, sonorité des mots qui dessinent nos pensées, forment ces petits poèmes visuels à tenir entre nos doigts, à poser sur notre cœur.

Artiste en herbe, ou plutôt en éclosion depuis 24 printemps, Rose Néon est diplômée de l'Ecole supérieure d'art et design de Grenoble-Valence, formation au cours de laquelle elle a étudié au Camberwell College of Arts de Londres durant une année. Cette british parenthèse lui a permis de développer son travail photographique via l'argentique, mais surtout l'instantané. Le dépaysement, la barrière de la langue, la rupture des habitudes, l'amènent à questionner le quotidien par la création d'un journal intime photographique capturant les petits détails sensibles qui ponctuent ses journées.

Orgasme des cellules épidermiques lors d'une promenade citadine, danse des corps nus sur les toits du monde, rave party de pétales de roses dans une piscine à débordement, l'amour, la sexualité, l'amitié, la liberté des humeurs, l'expérience du battement de la nature, constituent les événements que Rose Néon soustrait au phénomène irrémissible du temps, et qui, par ces petits objets précieux que sont les polaroids, deviennent les manifestations tangibles de nos souvenirs. Souvenirs à la fois personnels et communs, entre elle et nous, et nous et elle, les polaroids s'emportent dans nos portefeuilles, se gardent dans nos boîtes secrètes, se fixent sur nos murs, se partagent sur nos réseaux ; autant de façons de relier nos mémoires, et qui font parties intégrantes du processus créatif de l'artiste, dont la découverte permanente d'elle-même, des autres, et du monde, lui est si chère.

Peur de la réminiscence partielle, l'ajout des mots par bribes comme réflexions spontanées sur l'image-souvenir, parachève le poème de l'instant unique et construit la grande odyssée de la mémoire morcelée, qui trouve alors une complétude physique et psychique. Les mots enrichissent visuellement les photographies par leur typographie, soulignent le paradoxe des images par leur sémantique, et apportent de la texture sensorielle par leur phonétique.

C'est l'esprit en quête du mouvement d'un nouvel apprentissage que Rose Néon poursuit actuellement ses études à l'Université Lumière Lyon II en parcours Images. Les réflexions davantage tournées sur des questions cinématographiques lui permettent de repenser son travail et sur sa manière de le partager.

Partage du travail et de la rencontre humaine, c'est dans cette optique que Rose Néon a choisi de collaborer, pour la série de polaroids Genèse, avec la jeune auteure Agathe Rousset, dont le rapport sensible aux mots a apporté une dimension transcendante à ces instants uniques, arrachés à la banalité et à la répétitivité que nous projetons sur le monde.

Vernissage : jeudi 9 avril à partir de 18h en présence de l’artiste