Château Raoul
Place de la Victoire et des Alliés, 36000 Châteauroux
Château-Raoul existe depuis le Xe siècle sous le nom de château de Déols, installé sur un site fortifié par les seigneurs de ce lieu surmontant la vallée de l’Indre.
Sept seigneurs portent le nom de Raoul, d’où le nom de Château-Raoul et de la ville de Châteauroux. Mentionné dans la charte de fondation de l‘abbaye de Déols (917), autorisée par le seigneur Ebbes de Déols, le parchemin original mentionne la paroisse Saint-Martin (du nom de la chapelle castrale de Château Raoul) et la paroisse Saint-Denis. En 927, l’abbaye Saint-Gildas est élevée dans le quartier Saint-Christophe. Ce sont ces quatre éléments qui constituent l’agglomération Châteauroux-Déols du Xe au XIIe siècle.
Avec son enceinte, dont plusieurs tours subsistent encore, le Château-Raoul est alors une puissante forteresse, à la frontière du domaine du roi de France et de l’Aquitaine. Détruite après un incendie entre 1088 et 1112, le donjon de bois est reconstruit en pierre. Philippe-Auguste doit en faire le siège en 1187, date du mariage entre Denise de Déols, dernière descendante directe des princes de Déols et André de Chauvigny, familier du roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion. Plus tard, vers 1450, Guy III de Chauvigny, descendant de Denise, reconstruit Château Raoul dans le style d’un hôtel seigneurial après un incendie accidentel vers 1370. Deux ailes en équerre se joignent par la tour d’escalier octogonale dont le linteau porte encore le blason des Chauvigny. Du château à la porte d’entrée principale la porte de la Vieille prison, le rempart, long de 200m, longe l’Indre puis revient vers le quartier du Palan, passe devant l’actuelle église Notre-Dame où s’élevait la Porte Neuve et rejoignait le château en passait sur l’actuelle préfecture (construite, elle, en 1972).
A la mort du dernier seigneur de Chauvigny en 1502, le château devient la propriété de plusieurs familles qui se partagent les terres de Châteauroux, soit, une grande partie de l’Indre actuelle ! C’est à cette époque que le château du parc Balsan est construit. Au XVIIe Château Raoul devient, sous Louis XIV, avec le château du Parc, la résidence de Claire-Clémence de Maillé-Brézé, princesse de Condé, isolée par son mari, le Grand Condé, duc de Châteauroux. La terre de Châteauroux devient désormais, sous l’autorité du Prince de Condé un duché.
Le roi Louis XV, qui rachète le duché à la famille de Condé, l’offre à sa favorite, Marie-Anne de Mailly-Nesle, mais la jeune duchesse de Châteauroux meurt brusquement (1744). Le Château-Raoul est alors la résidence des administrateurs du duché et de leur famille : en 1773 Henri-Gatien Bertrand y voit le jour. Il sera Grand Maréchal du Palais de Napoléon Ier, compagnon d’exil de l’Empereur, puis homme politique . C’est ensuite la demeure du fermier général Louis-Claude Dupin de Francueil, grand-père paternel de George Sand.
En 1790, Châteauroux devient le chef-lieu du nouveau département de l’Indre. Le Château-Raoul, est acheté par le “conseil général du département” pour dix mille livres le 8 août 1792
A partir de l’An VIII (1800), la présence d’un préfet donne un nouveau lustre au Château-Raoul. En 1823 commence la construction du nouvel hôtel de la préfecture de style néo-classique. Œuvre de l’architecte Murison, il est achevé en 1826. La colonnade en avant-corps est surmontée d’un fronton qui porta d’abord les armes royales, puis l’aigle impérial, enfin la République, par le sculpteur Girault-Dupin (1898). En 1824, il a fallu détruire le donjon, ébranlé par des tassements de terrain du côté de l’Indre, et édifier les actuels murs de soutènement. Ce donjon, situé entre le Château-Raoul actuel et l’hôtel du préfet, était le seul reste de la forteresse antérieure à Guy de Chauvigny. Il avait abrité dans la salle du Trésor les titres du duché de Châteauroux ; le conseil général du département de l’Indre y avait tenu sa première séance le 3 novembre 1790.
Le conseil général décide la restauration du château sous le Second Empire (1851-1871) dans le goût néo-médiéval. Commencés en 1879 par Alfred Dauvergne, les travaux ne sont achevés qu’en 1914 par son fils Henry. Il subsiste de cette époque la salle de réunions du conseil général (1897, terminée en 1914), les grands tableaux et les vitraux aux armes des cantons de l’Indre.
Henry Dauvergne arrange aussi les abords du château et aménage les jardins et la place de la Préfecture, bordée d’un nouveau bâtiment d’archives en 1894. On peut admirer devant la grille de la Place de la Victoire et des Alliés “Les Pleureuses”, monument aux morts de la guerre 1914-1918, œuvre d’Ernest Nivet, sculpteur d’inspiration paysanne.
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Château, hôtel urbain, palais, manoir, Lieu de pouvoir, édifice judiciaire, Monument historique
Michel Jamoneau Département de l'Indre