Visite libre du parc et des communs du château de la Thibaudière; parc romantique à l'anglaise, ferme modèle et phalanstère
Les fermes modèles du XIXe siècle
Au XIXe siècle, l’ordre, la morale, l’hygiène physique et sociale guident la plupart des projets, le territoire est soumis à une volonté de planification et de réorganisation. Il ne s’agit pas seulement de savoir bien produire, il faut aussi offrir à la population agricole du travail, un habitat et un ordre moral compatible avec le nouvel ordre social.
La création des Fermes modèles dans les nouveaux domaines peut être, d’une certaine manière, comparée au phalanstère* de Fourier, cité harmonieuse où l’homme s’épanouit dans le travail et où l’espace est organisé de façon rationnelle en fonction de l’utilisation.
Bien qu’elle ne fasse pas apparaître un modèle type, l’organisation générale de ces Fermes est relativement similaire, elles doivent être avant toutes rationnelles, fonctionnelles et confortables. Situées à l’écart du château, elles sont isolées par des haies ou même des bois, pour que les nuisances ne soient pas perceptibles par celui-ci.
Le parc agricole et paysager
Phénomène marquant du début du XIXe siècle, s’inscrivant dans un nouveau mode de pensée qui accompagne la révolution industrielle, la planification du territoire est une des préoccupations essentielles de l’époque. Un des précurseurs parmi les agronomes soucieux d’organiser le paysage des grands domaines agricoles en Anjou semble être le Marquis de Turbilly (1717-1776). A la fois militaire et agriculteur, il est à l’origine d’une certaine manière de penser et de construire le paysage dont le domaine agricole soumis à un traitement paysager représente l’aboutissement.
La tour de surveillance ou panoptique en est un bon exemple : le propriétaire domine ainsi tout son domaine et peut surveiller à tout moment les activités de son personnel.
En général, une hiérarchie formelle s’établit dans l’organisation de ces domaines, entre le bâtiment du maître, la chapelle, les bâtiments d’exploitation liés à la demeure et les métairies disséminées sur l’ensemble du territoire.
Le Comte de Choulot (1774 à 1863) prône quant à lui un nouveau concept pour les parcs agricoles et paysagers. Son approche se veut "minimaliste". Entre 1840 et 1860, ce sont près de trente cinq parcs qui furent réalisés dans la région par le Comte de Choulot, attribués ou dont il aurait fortement inspiré la réalisation.
Un des grands principes de Choulot dans la conception de ses parcs, est de créer des liaisons visuelles entre l’intérieur des propriétés et le paysage environnant :
"Ce qui importe dans la composition, c’est la grandeur : à défaut de la réalité, il faut au moins en faire naître l’idée (…) L’art doit battre en brèche ces remparts impénétrables à l’œil (murailles de verdure) et y faire de larges ouvertures qui permettent au pays d’y pénétrer et de mêler les scènes de la nature aux tableaux créés par l’artiste".
*Un phalanstère (du grec phalanx, "formation militaire rectangulaire", et stereos, "solide") est un regroupement organique des éléments considérés nécessaires à la vie harmonieuse d'une communauté appelée phalange. Le concept, très en faveur dans les milieux intellectuels du XIXe siècle, fut élaboré par Carles Fourier et promu par des industriels idéalistes comme Jean-Baptiste Godin.
C'est un ensemble de bâtiments organisés autour d'une cour centrale, lieu de vie communautaire.