Visite guidée des expositions temporaires et des collections permanentes
Le Musée Opale Sud
Des collections permanentes (&) mouvantes
Axe majeur développé par le musée, la vision laissée par les peintres induit un rapport fort entre les collections et le territoire. Rassemblés sous le vocable « Ecole de Berck », le regard de ces artistes, qui s’installent dès le deuxième tiers du XIXe siècle, met en valeur la spécificité de ce qui fut la plus importante marine d’échouage de France et contribue à en caractériser l’identité par rapport aux ports, voisins ou plus éloignés, comme Étaples ou Le Crotoy. Le musée joue ainsi un rôle particulier et singulier dans la mémoire locale dont il est le seul dépositaire puisque cette pêche singulière n’a pas laissé, à Berck, dans son paysage urbain, les marqueurs de son ancienne existence (pas de quais ou de quartier portuaire associé), et sa mort annoncée dès le premier quart du XXe siècle, maquera aussi la disparition des activités artisanales qui lui sont liées (chantiers navals, corderies, fumeries, vanneries, etc.).
La Côte d’Opale et plus spécifiquement Berck sont un foyer pour ces artistes attirés par le balnéaire (en vogue), le pittoresque ou l’exotique (d’une côte et de ses habitants), le mondain, et l’hospitalier que le train met à seulement trois heures de Paris. Ainsi dès 1873 Edouard Manet vient peindre sur la plage, lui succède Eugène Boudin, puis c’est autour de Ludovic Napoléon Lepic, autour duquel se constituera cette communauté. Francis Tattegrain, Eugène Trigoulet, Charles Roussel, Jan Lavezzari produiront entre 1880 et 1945) ce qui constitue aujourd’hui le cœur des collections du musée.
La mer, la plage sont leurs premiers et principaux sujets. Traduire la nature, ses métamorphoses au gré des jours et des saisons, ainsi que la vie qui s'y déroule concentre toute leur attention. Tous n'auront de cesse d'expérimenter sur la toile toutes les sensations visuelles. Tantôt, naturaliste, parfois impressionniste, ou expressionniste. Eaux miroitantes, laconisme et évanesce de la plage certainement, mais l'intérieur des terres, les dunes sauvages, offrent aux artistes les moyens d'une exploration toujours plus sensibles de la nature. Vastes et indomptées, elles sont à l'instar de la plage et des marées, l'occasion d'une confrontation directe, "sur le motif". Toutes les œuvres sont la réduction d’un espace physique, elles sont aussi des espaces représentés et concentrés, néanmoins leur pouvoir de suggestion est immense. Une simple ligne crée un horizon, un point de couleur crée une lumière vibrante, une touche ondoyante crée le mouvement. Au-delà des sujets représentés, c’est d’abord dans ces éléments constitutifs des œuvres que se découvrent leurs propres substances.
Aussi, le regard aujourd’hui que porte le musée sur ces œuvres et ces artistes ne doit pas se cantonner à la simple restitution documentaire d’un passé révolu. Les œuvres, exacerbées peut-être par leur naturalisme à la mode dans les salons parisiens du XIXe siècle, contiennent aussi nos interrogations plus contemporaines : évolution et transformation du paysage et des habitants, évolutions des pensées et des modes de représentation, évolutions et restitutions contemporaines des sensations…
Incursions et excursions : les expositions temporaires
Les expositions temporaires, pierres angulaires du renouvellement du regard, attisant autant la créativité que la curiosité sont des moments de développement, d’interprétations et d’études des collections du musée et du territoire berckois. Les expositions temporaires souhaitent offrir un éclairage singulier, particulier et complémentaire aux collections permanentes. Elles contribuent à enrichir la perception de notre rapport à l’histoire, à l’œuvre d’art et au territoire. En faisant appel à l’œuvre d’artistes de notre temps (sollicités individuellement ou de façon collective), collections et territoire sont nouvellement interrogés. Les expositions temporaires, (autant que le renouvellement régulier des collections permanentes) permettent des mises en perspective à la fois historiques et artistiques.
Réunion d’œuvres d’art et d’objets, les collections permanentes et les expositions temporaires sont aussi présentées dans une muséographie originale et dynamique, associant œuvres et éléments d’interprétation. Conçu comme un espace qui s’ouvre sur l’extérieur et à l’aune de nos actuelles « conceptions du monde », le musée, conçu et perçu comme une « école du regard » permet d’appréhender l’œuvre et son environnement. Les accrochages des collections permanentes sont délibérément mouvants et permettent une grande appréhension des collections dans leur globalité, les expositions temporaires offrent quant à elles des espaces de réflexions transversales.