Abbaye de Grandmont
Grandmont, 87240 Saint-Sylvestre
- Haute-Vienne
- Nouvelle-Aquitaine
Grandmont est un village situé au cœur des monts d'Ambazac qui s'est développé autour de l'abbaye et a longtemps bénéficié des retombées économiques de celle-ci. Jusqu'au XVIIIe siècle, y résidaient notaires et juges en lien avec le pouvoir souverain qu'exerçaient les Grandmontains sur un territoire d'environ 700 hectares entourant l'abbaye, dénommé la « Franchise ». Des artisans travaillaient pour l'abbaye et l'ensemble du village tirait profit du passage des pèlerins et des visiteurs souvent illustres qui y faisaient étape ou y séjournaient. Jusqu'au début du XIXe siècle, le village était le groupement le plus peuplé de la commune avant de décliner dans le courant du même siècle.
Construit au XIIe siècle, le monastère devient le centre de l’ordre de Grandmont. Jouant un rôle diplomatique important dans une région frontière entre les domaines du roi de France et l'Aquitaine sous domination anglaise, le site reçoit la visite de personnages prestigieux, plusieurs papes et les rois d'Angleterre Henri II, Jean sans Terre et Richard Cœur de Lion, plus tard du roi de France Charles VII. Les Plantagenêts sont les principaux protecteurs de l'ordre, ils financent largement la construction de l'abbaye et l'acquisition d'un trésor groupant de nombreuses reliques dans des châsses magnifiques groupées autour des restes du fondateur canonisé en 1189. Cent ans après sa fondation, l'ordre de Grandmont n'a plus grand-chose à voir avoir avec l'idéal d'austérité voulu par son fondateur. À la splendeur des débuts, succède une lente décadence jusque vers 1730, date à laquelle les bâtiments menacent ruine. Un ingénieur du roi est envoyé et conclut que l'abbaye n'est pas réparable et doit être reconstruite. Un plan immense est conçu pour un édifice grandiose dans le goût du XVIIIe siècle.
La dissolution de l'ordre intervient alors que les travaux de reconstruction sont bien avancés mais loin d'être terminés. Ordonnée par le Pape en 1772, elle doit encore être enregistrée par les autorités françaises mais le dernier abbé engage un combat juridique acharné pour empêcher la dissolution. Ce n'est qu'en 1784 qu'il doit s’incliner, mais il obtient que la prise d'effet soit retardée jusqu'à son décès, qui se produit le 11 avril 1787. À partir de novembre 1788 tout ce qui était vendable fut dispersé. Seul le caractère sacré des multiples reliques et des châsses qui les protégeaient les sauva de la ruine. L'ensemble des bâtiments resta à l'abandon pendant la Révolution, divers projets portés par les habitants d'y installer une activité industrielle n'aboutirent pas. Ce n'est qu'en 1820 que la démolition complète des bâtiments paracheva la fin de l'ordre de Grandmont.
Tags
Monument historique, Édifice religieux
Accès
Accès uniquement par véhicules particuliers. Possibilité de parking sur place et sur terrain herbeux.
©André Larigauderie