Depuis plus de 10 ans je reçois un enseignement enraciné dans la tradition orientale mais tournée en même temps vers la création occidentale contemporaine.
La pratique et l’enseignement du yoga, puis la découverte de la méditation m’ont progressivement orientée vers la peinture chinoise.
A la veille de ma retraite, en flânant au musée Guimet à Paris, je découvre un maître de calligraphie et artiste peintre chinois, M. Li Zhongyao.
Chez lui, la passion de créer et celle de transmettre sont intimement liées. Il pense que l’on ne peut partager ses propres richesses qu’en recevant celle des autres et que c’est dans cet échange même que se dessinent les chemins de la création contemporaine occidentale. Son œuvre est toute entière, un hymne à la vie !
C’est la raison pour laquelle, depuis maintenant 12 ans, je suis son enseignement qui m’emmène toujours plus loin, aussi bien dans mon univers intérieur que dans la recherche du geste calligraphique.
Avec lui, je continue d’apprendre à conduire en même temps l’encre et le pinceau sur le papier, la main, le cœur et le mental réunis dans un même geste.
Il y a deux techniques de base dans la naissance de la forme :
Le trait avec toutes les expressions possibles qu’il peut contenir,
La tâche d’où surgit le volume.

En les combinant librement, c’est une diversité de traces qui apparaît et conduit à une œuvre vivante, colorée et qui respire.
Les mots devise du Maître comme :
pinceau droit / pinceau couché
pinceau sec / pinceau mouillé
signifiant (flou) / signifié (net)
gauche droite différentes / hauts bas différents
vide / plein
compliqué / simple

font maintenant profondément partie de moi. Dès que je saisis un pinceau, ils me traversent tout comme les expressions suivantes :
Préserver son âme (ne jamais vouloir refaire la même chose)
Apprendre à regarder la Nature, non pas pour la copier mais pour en saisir son âme
« vous êtes Dieu » ou « tout est écrit dans notre mère Nature » dit-il souvent

et en parlant du pinceau : « appuyez, tirez, soulevez ».
Cette Nature, la clé de mon travail, me conduit à raconter l’histoire de mon enfance puis celle de ma jeunesse.
Très jeune, j’ai découvert avec mes parents la forêt, les champignons, la cueillette des myrtilles, les rochers, les rivières avec la pêche à la truite dans la Haute-Loire.
J’ai aussi aidé mon père à cultiver le jardin du quartier Lanoir de Rive-de-Gier. Les légumes mais surtout ces fleurs comme les lilas, les iris, le muguet, les marguerites, tous ont imprégné mon enfance. Et puis, il y a eu les cerisiers de mon oncle et parrain Henri Arnaud à Saint Martin-la-Plaine. Enfin, les vignes de mon grand-père paternel à Montjoint chez qui chaque année on fêtait en famille les vendanges, m’ont aussi profondément marquée.
Il fallait un jour que je raconte cette histoire avec mes pinceaux. C’est pourquoi aujourd’hui vous allez découvrir dans mes peintures et tout au long de cette exposition ce que ces souvenirs ont construit en moi : mon propre jardin, celui que j’ai mis des années à chercher et que j’ai enfin trouvé.
Cette exposition je la dédie à mes parents. Je l’ai créée pour eux ; je leur rends hommage.

Elle se regarde, elle se respire.