Des moines dans les grands monts
Visitez les fouilles et découvrez les principales découvertes. Participez également à des conférences sur l'histoire de l'abbaye et de son trésor, ainsi qu'à des promenades accompagnées.
Programme de visites
Samedi 17 :
10h30 – 11h15 : Conférence « L'histoire de l'ordre de Grandmont » (SASSAG)
11h30 – 12h15 : Conférence « Les aménagements hydrauliques des établissements grandmontains » (André Larigauderie)
14h00 – 15h15 : Visite du site avec les archéologues (Philippe Racinet)
15h30 – 16h15 : Conférence « Les notaires au XVIIe et XVIIIe siècle »(Eugène Chantaraud)
16h30 – 17h30 : Visite du nouveau jardin de l'abbaye ( Françoise Lassoujade, Jean-Michel Bertrand)
Dimanche 18 :
10h30 – 11h15 : Conférence « Le petit patrimoine de Saint-Sylvestre » (Gilles Valleton).
11h30 – 12h15 : Projets de mise en valeur du patrimoine de l'abbaye (SASSAG).
14h00 – 15h15 : Visite du site avec les archéologues (Philippe Racinet).
15h30 – 17h30 : Conférence sur la gestion des étangs par les moines et visite commentée à travers la réserve des Sauvages. (Jean-Paul Morlier et Véronique Lucain).
L'abbaye de Grandmont : un patrimoine à redécouvrir
Dans le cadre de sa troisième participation aux Journées européennes du patrimoine, la Société des Amis de Saint-Sylvestre et de l'Abbaye de Grandmont (SASSAG, www.sassag.com) organise l'accueil des visiteurs sur le site de l'abbaye de Grandmont et la découverte de son environnement naturel.
Des visites conférences permettront aux visiteurs de découvrir les restes de l'abbaye redécouverts depuis 2013, sur le site appartenant à l'association, grâce aux fouilles archéologiques menées chaque année par une équipe de l'Université de Picardie Jules Verne, sous la direction du Professeur Philippe Racinet.
Les fouilles des années 2021 et 2022 ont permis de dégager un ensemble exceptionnel de vestiges avec le dallage de la cour du cloître, des bâtiments en élévation et des colonnes et des chapiteaux encore en place. Ils seront présentés pour la première fois aux JEP.
Depuis 1820 et sa démolition complète par un entrepreneur du bâtiment, rien de visible ne subsistait de cette immense abbaye qu'une chapelle construite avec des pierres issues de la démolition et les quelques objets de culte qui y avaient été transportés.
Après des premiers sondages effectués en 2013, les fouilles ont permis de dégager l'assise des murs et le sol de la nef de l'église primitive ainsi que la magnifique construction du chevet plus à l'est. Une zone d'inhumation séparée en plusieurs secteurs d'époques différentes a permis la mise à jour d'un grand nombre de sépultures présentant différents types de construction. Un groupe exceptionnel de fioles en plomb a été découvert en place dans plus de trente sépultures.
Dans la galerie nord, qui donnait accès à l'église, le sol était couvert de pierres tombales qui recouvraient chacune plusieurs sépultures superposées. Ces pierres tombales, ainsi que d’autres trouvées dans les remblais, peuvent être découvertes par les visiteurs dans un musée lapidaire que la SASSAG commence à aménager dans l'enclos de l'abbaye.
La galerie est du cloître est entièrement recoupée par un impressionnant mur constitué de blocs énormes et parfaitement taillés. Ce sont les restes de la dernière reconstruction de l'abbaye, entamée en 1760. D'une facture exceptionnelle, ces murs recoupent l'ensemble des structures antérieures et compliquent leur lisibilité.
Suspendues en 2020, les fouilles ont repris en 2021 et le dégagement du secteur ouest, au delà de la route tracée dans les années 1960, a débuté. Des élévations ont été dégagées. La moitié inférieure de plusieurs fenêtres et d'une porte entourée de chapiteaux à décor floral sont apparus.
En contrebas du réfectoire, un jardin monastique a été créé sur un terrain non construit du monastère.
Les visites seront complétées de présentations sur l'histoire de l'ordre de Grandmont et de son imposant trésor qui a été dispersé lors de la dissolution de l'ordre, peu avant la Révolution. Malgré les destructions, les ventes et les vols, cette dispersion a finalement permis la conservation de nombreuses pièces qui se trouvent toujours dans diverses églises du diocèse, au musée des Beaux-Arts de Limoges, à Paris et dans d'autres grands musées d'art à travers le monde.
Les fouilles archéologiques : quelles problématiques ?
Ces fouilles programmées, soutenues par la Direction Régionale des Affaires Culturelles contribuent à la formation des étudiants en archéologie qui ont l'occasion, pendant cinq semaines chaque été, de travailler avec des spécialistes des nombreuses disciplines impliquées dans la recherche en archéologie médiévale. Elles contribuent, avec la SASSAG et le soutien des collectivités locales, à la valorisation du site culturel en interaction avec son environnement naturel.
Du point de vue scientifique, le projet vise à établir les différentes étapes de l'aménagement du site de Grandmont par les moines. Le site était-il désert ou non à leur arrivée en 1125 ? Quelle fut l'implantation et l'aspect de leurs premières constructions après leur arrivée ? Combien de reconstructions se sont succédées à l'époque de la splendeur de l'abbaye au tournant du XIIIe siècle ? Quelle empreinte eurent les Plantagenêt sur l'organisation d'un édifice où ils résidaient fréquemment et où ils avaient envisagé un temps de se faire inhumer ? Peut-on retrouver les constructions associées à leurs séjours qui sont mentionnées dans les chroniques ? De nouveaux travaux ont-ils été entrepris entre le Moyen Âge et le grand chantier de reconstruction XVIIIe siècle ? Jusqu'à quel moment les moines ont-ils continué à utiliser les bâtiments médiévaux ? Quel était l'avancement du projet au moment de l'abandon du site en 1788 ?
Ces fouilles visent aussi à reconstituer l'empreinte du grand centre de pouvoir que constituait le monastère sur toute la région. Quels aménagements ont-ils pu apporter, grâce à leurs moyens financiers et aux tenanciers sur lesquels ils exerçaient le pouvoir seigneurial, à un environnement peu favorisé par la nature ? Comment étaient organisées sur le terrain leurs activités économiques multiples, aussi bien dans la « franchise », un territoire d'environ 700 hectares sur lequel les abbés et les moines exerçaient un pouvoir souverain, mais aussi sur toute la région environnante où leur puissance féodale entrait en concurrence avec les puissances voisines, laïques comme la châtellenie du Dognon ou ecclésiastiques comme l'évêché de Limoges ?