En 1951, Charles et Marie-Laure de Noailles, « estimant inadmissible » que le Musée national d’art moderne (avant la création du Centre Pompidou, en 1977) ne possède aucune œuvre de Giacometti, décident de faire don à l’institution de La Table surréaliste, achetée en 1934 pour leur villa d’Hyères. À ce geste fondateur, s’ajoutent les nombreuses pièces de la collection du Musée national d’art moderne qui leur sont directement reliées (Man Ray, Dali, Buñuel, Brancusi, Ernst Laurens, Lipchitz). Un ensemble d’une centaine d’œuvres qui suggère des personnalités à  part : absence de préjugés, goût pour la transdisciplinarité et foi dans la création. Leur collection en perpétuelle évolution s’est transformée au gré des accrochages et des affinités, mêlant sculpture, peinture, littérature mais aussi photographie et cinéma. L’exposition n’a pas pour ambition d’en dresser l’improbable cartographie mais entend plutôt en restituer l’esprit. Cette grande aventure s’inscrit enfin dans la villa Noailles elle-même, bâtiment exceptionnel et manifeste moderne, où les deux mécènes accueillirent tant d’artistes et d’intellectuels.