Le piano historique Pleyel Grand-Concert AL 1928 de la colline de Bligny est un monument inestimable, l'un des derniers vestiges vivants d'un monde disparu.
Dans trois ans -en 2028- nous célébrerons son centenaire et un immense projet est en train de se mettre en place à cette occasion.
Car un certain nombre de questions se posent aujourd'hui de manière cruciale :
- Le piano de Bligny était-il de couleur noire au moment de sa fabrication, ou bien en bois vernis comme beaucoup des pianos Pleyel de cette époque ?
- Et puis, plus surprenant encore : Le Pleyel de Bligny est-il vraiment un modèle AL de 1928 comme on le croit depuis des décennies ?
Cette dernière question peut paraître absurde. Elle est surprenante en effet !
Mais un débat s'est ouvert, et vous aurez la réponse -argumentée- le moment venu.
D'ici là, et comme chaque année, les musiciens amateurs de la Communauté de Communes du Pays de Limours et d'ailleurs peuvent accéder au clavier d'ivoire et d'ébène du trésor de Bligny (alors que c'est impossible les autres jours de l'année, de 10h00 à 18h30 pendant les deux jours des Journées Européennes du Patrimoine
En 1930, la Maison Pleyel a décidé de changer le design se ses pianos de concert et de passer des gros pieds ronds qui étaient sa signature jusque-là aux fins pieds carrés art déco que l'on connaît tous.
Mais que faire alors des pianos "démodés", tous de haute facture qui restaient dans ses entrepôts ?
Ne voulant plus les mettre en vente, Pleyel a décidé de donner ces pianos de concert à des œuvres charitables, et c'est ainsi qu'en 1930, les anciennes "Œuvres des Sanatoriums Populaires de Paris" dont le Centre Hospitalier de Bligny est l'héritier direct ont reçu en donation le fameux piano Pleyel Grand-Concert AL 1928, celui qui se trouve aujourd'hui au Théâtre de Bligny.
On le voit sur quelques rares photos des années 50, au théâtre, mais c'est a peu près tout.
On sait qu'il a "vécu" à différents endroits de l'hôpital jusqu'à la fermeture du théâtre en 1971, et puis on l'a oublié
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Au premiers mois du XXIe siècle, on l'a "retrouvé", sur la tranche au fond de la fosse d'orchestre, enseveli sous une montagne de vieux matelas, le théâtre servant dans ces années-là d'entrepôts des rebus de l'hôpital.
Mais que faire alors de cet instrument sublime, relativement dégradé par des années de sommeil ?
La présidence du Centre Hospitalier de Bligny l'a fait expertiser par la Maison Labrousse - une référence mondiale - qui, après une longue et minutieuse auscultation l'a déclaré "vivant".
En effet, l'ensevelissement sous de vieux matelas l'a "sauvé" en le protégeant des chocs thermiques dans un bâtiment désaffecté et non chauffé l'hiver.
Il a quand même fallu investir 20 000€ pour le remettre en état : les fontes ont été refondues selon les plans de Pleyel ; la caisse en bois a été envoyée en Pologne pour être revernie dans les règles de l'art, et finalement, après bien des aventures et des travaux d'expert, il a fait son retour triomphal à l'hôpital d'où il était parti deux ans plus tôt.
Juste à temps pour la réouverture du Théâtre de Bligny, lui aussi sauvé de l'oubli après deux ans de travaux et la complète refonte des espaces intérieurs : le théâtre que l'on connait aujourd'hui.
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C'est un instrument exceptionnel du point de vue musical, patrimonial et historique.
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Un instrument comme l'on en fabrique plus, avec une mécanique dite "à nez" (note par note) par opposition au modèle contemporain dit "à tambour" (octave par octave) qui équipe tous les pianos de concert contemporain.
Il n'en reste plus que 4 encore en état de fonctionner dans le monde : L'un à la Brooklin Académy of Music de New York ; l'un dans la collection Pleyel ; un autre chez un particulier, et le dernier à Bligny.
Ce piano historique Grand-Concert Pleyel (AL 1928 pour ce que l'on en sait aujourd'hui) est le principal trésor du Théâtre de Bligny. Il est aussi bien protégé que la reine du Danemark : "On ne s'approche pas, on ne touche pas !"
Seuls des musiciens virtuoses ayant dompté l'instrument ont le droit de toucher son clavier d'ébène et d'ivoire pour des sessions d'étude ou des concerts.
Sauf pendant les Journées européennes du patrimoine où les musiciens de tous âges ont le droit de jouer dessus par tranche maximale de 40 minutes ..