Le manoir des colonies
La Cie Langajà-Groupement présente
LE MANOIR DES COLONIES
Écriture et mise en scène Gilles Sampieri
Avec Mireille Herbstmeyer et Céline Marguerie
France et sa fille Victoire vivent dans une vieille demeure remplie d’objets de la période coloniale. Deux femmes à l’histoire dangereuse à la fois victimes et héritières de la colonisation. Une reine mère autoritaire encore soumises aux gestes du travail. Une fille esclave de sa mère et révoltée par la traite. Leur manoir hanté d’une Afrique fantasmée, ravive la mémoire de ces crises où l’on utilise la peur et la condition des plus pauvres. Elles y empruntent les multiples visages d’un racisme qui oppose les peuples et les générations. Questionnant notre posture d’héritiers de trésors culturels coloniaux, dont on ne sait où et comment ils ont été acquis ou volés ? Mère et fille dans un total dénuement, entourées d’œuvres d’art abandonnées. Dans cet espace de conflit où la France coloniale navigue entre son illusion de grandeur et les mensonges qui la construisent. L’empêchant de s’ouvrir aux idées de la jeunesse.
À travers la vie de ces deux femmes, la pièce aborde les questions de l’isolement social, et de la condition des femmes prolétaires enrôlées aux colonies. Dans la complexité des phénomènes de résistance et d’adhésion. Il s’agit de remettre en mouvement des fragments pratiquement inconnus de l’histoire coloniale. Leur manoir hanté ravive la mémoire de ces crises que l’on utilise pour coloniser. Ces figures interrogent par leurs trajectoires de vie, l’influence du modèle économique dans la montée des nationalismes et les mécanismes de manipulation des masses. Du récit de notre trésor colonial caché, vers la trajectoire d’humanité de deux femmes contre la violence de certains héritages.
À l'occasion d'une lecture au festival Auteurs en acte / LA PRESSE EN PARLE
"(...)Le dialogue des deux femmes tient beaucoup du « réalisme magique » sud-américain où un réalisme cru est percuté en permanence par un onirisme fantastique. Il passe en revue ainsi des siècles de colonisation au travers des affects mêmes de France, elle était la bonne de son défunt maître, esclave domestique d’un personnage équivoque, agent de l’Etat français colonial. Le dialogue est profus et saute constamment d’une strate à l’autre surtout dans les récits et les errances mentales de France, incarnée avec un brillant savoir-faire par Mireille Herbstmeyer, pleine de force mais à la lisière de la folie. Céline Margerie la relance et pointe sans complaisance l’attachement de sa mère à un passé aliénant.
L’écrivain metteur en scène ne cache pas que l’inspiration lui est venue en pensant aux deux comédiennes autant qu’à ses origines martiniquaises, mais l’effet de chevauchement permanent entre la confession des deux femmes et les stigmates de l’Histoire est saisissant, prélude à un projet dont on attend avec impatience l’aboutissement."
Louis Juzot - Hottello