Discussion autour du livre "De gré et de force - comment l'Etat expulse les pauvres" de Camille François
Alors que la pression immobilière se fait de plus en plus forte, surtout dans des métropoles comme les nôtres où la gentrification règne, la machine à expulser tourne à plein régime.
Quelques mois après l'application de la loi Kasbarian-Berger, il nous semblait essentiel de penser l'accès au logement depuis ses luttes et les formes nouvelles qu'elles doivent emprunter : comment faire quand l'Etat s'est donné les moyens de virer à tour de bras les squatteurs et mauvais payeurs ? Quelles lignes de fuite trouver dans ces nouvelles procédures crapuleuses ?
Pour nous aider à voir plus clair, nous recevons Camille François, auteur de "De gré et de force - Comment l’État expulse les pauvres" paru en 2023 aux éditions de la Découverte. Dans cette enquête sociologique, il retrace précisément tout le parcours administratif qui met des gens à la rue : du mécanisme de surendettement, au tribunal en passant par le recourt à la force publique.
Avec cette sociologie du pouvoir et des petites mains qui font le sale boulot, et en partageant des récits de luttes à Montreuil, cette soirée vise à tisser des pistes pour résister collectivement à cette main mise du Capital et de l'Etat sur nos logements.
Présentation de l'éditeur :
"Les expulsions locatives jettent chaque année en France des milliers de familles pauvres à la rue, dans une indifférence quasi générale. Pourtant, ces procédures sont au cœur de l'accroissement de la pauvreté et des inégalités sociales. Et leur nombre a augmenté au cours des vingt dernières années.
À partir d'une longue enquête de terrain, ce livre s'intéresse aux institutions et aux " petites mains " chargées de réaliser les expulsions. Il décrit la manière dont la violence légitime de l'État s'exerce sur les familles menacées de délogement, en retraçant les différentes étapes auxquelles elles sont confrontées : les services de recouvrement où les employés des bailleurs essaient de leur faire rembourser leur dette, les tribunaux où les juges prennent les décisions d'expulsion, les services de préfecture et de police chargés d'utiliser la force publique pour les déloger de leur domicile. En expliquant pourquoi certaines familles sont plus souvent expulsées que d'autres et comment les agents de l'État les contraignent, à la fois de gré et de force, à quitter leur logement, il met ainsi en lumière une violence légitime moins visible que la répression des manifestations ou que des interpellations policières, mais tout aussi efficace dans le maintien de l'ordre social.
Loin d'être une fatalité, ces expulsions locatives constituent une réalité éminemment politique, qui interroge la place du capital immobilier et de l'État dans la précarisation des classes populaires aujourd'hui. Une réalité contre laquelle il est possible d'agir. "