Dans son livre "Se faire virer", collection des réels aux éditions du commun, Manon Delatre nous emmène dans l'univers du cinéma par un chemin particulier. Dans le premier récit, elle est projectionniste dans un cinéma parisien, promue au poste d’assistante de direction, son temps de travail augmente et sa liberté diminue. Elle nous raconte l'angoisse, les premiers arrêts de travail, la conviction qu'il faudrait mieux arrêter de travailler. Le refus par une grande bourgeoise de lui accorder une rupture conventionnelle la mène à la dépression. S'en suit un acte de résistance : ne pas céder, ne pas démissionner, si elle veut toucher des indemnités chômage. L'objectif est de se faire virer et ce n'est pas si simple, elle suit les conseils d'un ami qui lui dit de venir au travail sans rien faire. Se mettant ses collègues à dos, elle tient bon et finit par réussir à se faire virer.

Dans le second récit, elle sort tout juste d'une grande école de cinéma et se confronte à la dure réalité des premières expériences professionnelles. Elle a beaucoup aimé étudier le cinéma et doit maintenant trouver du travail en tant que cheffe-opératrice. De ses premières expériences en tant que stagiaire, de l'obligation de travailler gratuitement au début pour rentrer dans le milieu, elle se rend compte assez rapidement qu'elle déteste les tournages. Ce travail est un cycle sans fin où il faut travailler tout le temps pour trouver du travail. Si on s'arrête, on nous oublie.

Manon Delatre, à travers ces deux récits, nous parle du travail, du travail qui nourrit et qui dévore nos vies. Ce livre est un sursaut dans la banalité de nos existences. Il dépasse le contexte du cinéma, la critique le compare souvent à un Bartleby moderne, raconté par lui-même.