«RÉALITÉ MAGIQUE»
« Dans les photos que je qualifierai de réalistes, mon idée est simple: j’attache une importance primordiale au maintien de l’équilibre précaire entre, d’une part, les différents éléments de la composition, et d’autre part entre cette dernière et le coloris. De cette façon, je veux créer une impression de réalité magique, un sentiment de quiétude, d’harmonie et de bonheur fragile. Dans mes natures mortes, je préfère détacher l’objet - la fleur, le tournesol, l’aigrette - de son cadre habituel pour le situer dans un environnement insolite, créer ainsi une sensation de contraste et de réalité magique.
A la fin, je voudrais rappeler que, dans toute exposition, c’est le public qui a le dernier mot. Je ne cache pas que j’attends avec émotion, impatience et curiosité le verdict du public parisien. »
Assen Zidarov est né en 1946 à Sofia (Bulgarie). Il est journaliste, traducteur, photographe par passion, ami de la France et de la langue française
«Avant de devenir photographe, j’étais un homme de radio. Pendant 39 ans je faisais partie de la rédaction française de Radio Bulgarie Internationale, dont les émissions sont destinées à tout le monde francophone. J’étais à la fois animateur, traducteur et reporter. J’avais créé ma propre émission appelée Sofia, mon amour – une série de reportages, d’interviews et des histoires de la vie des habitants de la capitale. J’ai travaillé bien souvent pour la télévision, traduisant nombre de documentaires et de films de fiction français pour la chaîne publique de la TV bulgare. J’ai participé au doublage de la plupart de ces films. A la fin des années 80, j’ai animé les leçons de français à la TV, en compagnie d’une consœur française. J’ai traduit également plusieurs romans francophones, dont le meilleur roman de Philippe Djian 37,2 le matin.
Dans mon cas, l’atterrissage en douceur sur la planète hospitalière mais surpeuplée de la photographie fut une suite logique de ma passion pour les arts plastiques que je cultive depuis ma jeunesse. Je suis connu pour tenir à jour une riche bibliothèque de livres d’art englobant les tendances et mouvements les plus divers, en particulier de la période de l’impressionnisme à nos jours. J’avoue cependant que mes préférences vont au surréalisme et à l’abstractionnisme lyrique.
Ma passion pour la photographie
Mes photographies peuvent être divisées grosso modo en deux catégories: photos réalistes - paysages, natures mortes, scènes de rue – et compositions fantastiques ou surréalistes.
Par mes compositions fantastiques, je souhaite insuffler un regain de vie au surréalisme par les moyens spécifiques de la photographie. Nous n’ignorons pas que ces dernières décennies le rayonnement du surréalisme fut éclipsé par certaines tendances et expériences souvent trop formelles ou franchement stériles.
La réalité revue et corrigée par l’imagination
Il y a des jours où la réalité me paraît trop banale, trop prévisible. Elle m’ennuie, m’énerve ou m’indigne. J’étais à la recherche d’une promesse d’évasion, d’une réalité parallèle, pour tenter de contourner le piège de la déprime. C’est justement la photographie qui m’offrait cette chance d’évasion. Mon guide irremplaçable dans cette belle aventure visuelle et intellectuelle était l’imagination, mais, pour être honnête, je dois rendre un vibrant et sincère hommage à mes peintres surréalistes préférés. La liste est longue. Je ne citerai que quelques-uns qui me sont particulièrement chers et proches et m’inspirent par leur exemple et leur audace – Yves Tangui, René Magritte, Max Ernst, Toyen, André Masson, Francis Picabia, Salvador Dali...Leur expérience me guide, mais je me garde de les imiter, de retomber dans le faux semblant et la banalité. Je suis persuadé que l’annonce du déclin irréversible du surréalisme est une fausse nouvelle.
Mon approche dans mes compositions surréalistes peut être comparée aux improvisations dans le jazz. On sait bien que les improvisations partent d’un thème musical concret, dans la plupart des cas une mélodie très populaire et connue du large public. Selon l’idée et le tempérament des musiciens, les improvisations peuvent être discrètes ou, au contraire, très audacieuses. Dans le premier cas, le thème d’origine est facilement identifiable, dans le second, seul le mélomane averti peut revenir aux sources des variations. Chez moi, les improvisations partent toujours d’une photo réaliste concrète. Comme dans le jazz, l’image définitive s’éloigne discrètement ou radicalement de la photo initiale.
Exposition du 14 février au 4 mars. Vernissage le 14 février 18h30-21h00