Toute une nuit sans savoir / Rencontre avec Amandine D'Azvedo (Université de Montpellier)
Toute une nuit sans savoir, de Payal Kapadia / 1h39 / France / Avec Bhumisuta Das
Synopsis : Quelque part en Inde, une étudiante en cinéma écrit des lettres à l’amoureux dont elle a été séparée. A sa voix se mêlent des images, fragments récoltés au gré de moments de vie, de fêtes et de manifestations qui racontent un monde assombri par des changements radicaux. Le film nous entraine dans les peurs, les désirs, les souvenirs d’une jeunesse en révolte, éprise de liberté.
Dans la lignée de ses courts métrages, Payal Kapadia privilégie un récit poétique, ici en format carré et essentiellement en noir et blanc, et la voix off. Et signe à la fois un bijou esthétique et un manifeste politique. Une grande expérience de spectateur. Ainsi Toute une nuit sans savoir, mêlant habilement l’intime et le politique, le found footage et le film rêvé, des images de manifs et de répression, devient-il une poignante lettre d’adieu, à l’amour et l’espérance, à la jeunesse et l’innocence, qui résonne bien au-delà des frontières où il se déroule. Un kaléidoscope d’images ouvragées, soyeuses, presque silencieuses, tournoie dans l’œil du spectateur, mettant à distance la fureur pour mieux l’observer. La cinéaste plasticienne relie mille utopies, événements et faits d’armes, les coulant dans un bronze qui serait le film. Le Monde