C’est juste l’après guerre 39 - 45. Marie est femme de ménage. Elle parle. Marie parle de là où elle est. C'est-à-dire d’un endroit de solitude (Heureusement, j’ai pompon…) où il faut lutter pour sa survie, éviter le dénuement, l’hospice des vieux jours.

Marie observe avec finesse et sans concession. Loin de toute idéologie, Marie parle dru. Sa parole est ancrée dans le réel, dans sa tranchée de chaque jour.

Elle se parle à elle-même ou à qui veut l’entendre.

Brassaï l’a entendue. Brassaï est photographe. Sa matière c’est le Paris nocturne et interlope, les filles de joie, les marlous, les grisettes, les couples d’amoureux, les bordels, les théâtres. Un Paris populaire et ombrageux, farouchement humain.

Brassaï le photographe devient écrivain. Il saisit les propos de Marie comme il photographie. Les courts textes sont des instantanés. Marie donne la matière, mais Brassaï fait le cadre, choisit la lumière, le temps d’exposition, la focale.

La parole de Marie alors s’amplifie, sort du cadre et devient œuvre d’art.

Quelques images    https://youtu.be/D-cnbGltn6U

Interview radio https://vimeo.com/198318181