Partout, du plastique. Sous nos yeux, sous nos doigts mais aussi dans nos mers, nos sols, notre air, notre alimentation. Dans nos corps, même. Le plastique est devenu la matière universelle, celle qui a tout colonisé. Tidiani N’Diaye, danseur et chorégraphe, n’ignore rien de cet envahissement, à la fois massif et sournois. Dans son Mali natal, il a vu les montagnes de déchets redessiner le paysage urbain et se déverser dans les rivières. Dans une beauté paradoxale, il en fait le héros d’une pièce chorégraphique en le transformant. L’objet prend vie, semble danser par luimême grâce à la virtuosité des danseurs. Sur scène, une multitude de sacs plastiques colorés et ordonnés, s’animent, habitent et virevoltent sur le plateau. Tidiani N’Diaye s’empare de ce puissant message jusqu’à l’excès, jusqu’à le sublimer. Cette pièce d’une grande beauté pour cinq danseurs et danseuses, témoigne de ce chaos dans lequel ils cohabitent avec force et courage dans cet étrange ballet chimique.